Le mouvement Hamas s'avère incapable de tenir ses engagements, et doit faire face à un mouvement de contestation de plus en plus fort. Le Fatah exhibe sa puissance en faisant défiler une nouvelle force de sécurité. Autant dire que la crise s'accentue dans les territoires palestiniens. Hier, le gouvernement palestinien a de nouveau reporté le paiement annoncé des 160 000 fonctionnaires privés de salaires depuis trois mois. Une promesse non tenue, malgré ses déclarations selon lesquelles l'argent arrivait par tranche certes, mais l'issue était annoncée. Peut-être trop vite et cela a eu pour effet la multiplication des manifestations de mécontentement. Une partie des arriérés était censée être réglée aujourd'hui même, selon les propres termes du Premier ministre issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Mais à la veille de cette échéance, un porte-parole du Hamas a admis que le Trésor n'était pas en mesure de respecter cet engagement. « Nous disposons de l'argent des salaires pour les fonctionnaires, mais cela va prendre encore quelques jours avant qu'ils soient versés en raison de questions techniques et de procédure », a affirmé le porte-parole Ghazi Hamad sans que l'on sache ce que cela veut dire exactement alors même qu'il y a urgence. Pour la population palestinienne qui vit cette crise, il s'agit du quatrième report en un semaine de ces paiements. Les fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, dont la masse salariale s'élève à quelque 120 millions de dollars par mois, n'ont pas reçu leurs traitements depuis mars, à la suite de la suspension des aides financières occidentales et du refus des banques occidentales de transférer des dons arabes à un gouvernement dirigé par le Hamas. Un embargo en fait qui ajoute aux difficultés du Hamas. « Nous avons beaucoup d'argent mais les Etats-Unis empêchent les banques de le transférer » dans les territoires palestiniens, avait expliqué M. Haniyeh pour justifier les reports de paiement. Sur le terrain, la grogne des fonctionnaires ne cesse de monter. Deux mille employés des services publics, dont des policiers armés, ont manifesté à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Les manifestants ont brandi des photos de Yasser Arafat et Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne en scandant : « Nous voulons nos salaires, plus de promesses », ont indiqué des témoins. En passant devant un bâtiment contrôlé par le Hamas, des policiers ont tiré en l'air en signe de protestation. A Ramallah, également en Cisjordanie, une centaine de proches de Palestiniens détenus par Israke ont manifesté et brûlé des pneus pour protester contre le non-paiement des allocations mensuelles qui étaient accordées aux familles des détenus. Ce qui ne fait qu'exacerber la tension déjà vive entre ce mouvement et le Fatah. Ce qui est apparu hier dans le défilé de quelque 2500 membres armés d'une nouvelle « force » constituée par le Fatah dans les rues de Jénine dans le nord de la Cisjordanie, selon des sources sécuritaires. Cette force a été mise en place après la création le 17 mai dernier par le Hamas d'une force paramilitaire, dont les hommes ont été déployés dans des rues de la bande de Ghaza. Cette initiative avait déclenché ensuite des affrontements qui ont fait 11 morts. Le chef de la nouvelle force du Fatah, Ata Abou Rimelah, a toutefois affirmé que ses hommes « étaient là pour aider les forces de sécurité à assurer leur mission ». « Cette force n'est dirigée contre personne, elle vise uniquement à protéger les projets nationaux palestiniens », a assuré ce responsable. Autre signe de cette tension, un responsable des brigades Ezzedine Al Qassam, la branche armée du Hama, a été grièvement blessé hier matin par des tirs d'inconnus à Ghaza, a-t-on indiqué de sources sécuritaires. Le dernier incident sanglant en date remontait à jeudi lorsqu'un membre des services de sécurité palestiniens a été tué et trois autres Palestiniens blessés lors d'accrochages armés avec des militants du Hamas. Pour casser cet engrenage, le président de l'Autorité palestinienne a mis sur la table un dialogue interpalestinien, avec à la clé un référendum autour d'une initiative dite de détenus palestiniens en Israël inquiets de cette rivalité ou plus précisément du risque désormais de guerre entre Palestiniens.