Le Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki, a affirmé hier que la Turquie était en train de devenir un ennemi dans la région en cherchant à la dominer et à interférer dans les affaires internes de ses voisins. Les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis la chute de Saddam Hussein, en 2003, et cette polémique illustre le fossé entre les pays chiites comme l'Irak, l'Iran et la Syrie – dominée par les alaouites, une branche du chiisme – et les pays sunnites comme la Turquie et les monarchies du Golfe. «Poursuivre sa politique intérieure et régionale va nuire aux intérêts de la Turquie et en faire, pour tous, un Etat hostile», a affirmé M. Al Maliki dans un communiqué. Jeudi, le Premier ministre sunnite turc, Recep Tayyip Erdogan, s'en était une nouvelle fois pris à son homologue irakien chiite, l'accusant de monopoliser le pouvoir, d'«égocentrisme» politique et de discriminations à l'égard des groupes sunnites dans son gouvernement, selon la presse turque. «Les développements en Irak ne présagent rien de bon», avait-il ajouté. «M. Erdogan recommence à interférer dans les affaires intérieures (de l'Irak) et prouve qu'il vit toujours dans l'illusion qu'il domine la région», aaffirmé M. Al Maliki. «C'est regrettable que sa déclaration ait une dimension confessionnelle car malgré ses démentis précédents, cette dimension apparaît (cette fois) très clairement et est rejetée par tous les Irakiens», a-t-il ajouté. En une semaine, M. Erdogan a reçu le vice-président sunnite irakien Tarek Al Hachemi, poursuivi par la justice de son pays qui l'accuse d'avoir dirigé un gang de tueurs, et le président de la région autonome kurde sunnite, Massoud Barzani. Ces deux responsables entretiennent des relations exécrables avec M. Al Maliki : le premier se dit victime d'une chasse aux sorcières parce qu'il est sunnite ; le second accuse le Premier ministre de se conduire comme un dictateur avec en toile de fonds le partage des revenus pétrolier. La Turquie est, après l'Iran, le deuxième partenaire commercial de l'Irak. Les échanges entre les deux pays ont atteint 12 milliards de dollars en 2011 et Ankara voudrait les porter à 20 ou 30 milliards en 2012. De nombreuses entreprises turques sont également présentes en Irak.