Le vice-président américain Dick Cheney s'est rendu hier en Arabie saoudite solliciter son aide pour pacifier l'Irak, après la condamnation par le roi Abdallah, pourtant un allié de Washington, de "l'occupation étrangère" de ce pays. Pour la deuxième étape de sa tournée régionale entamée mercredi en Irak, M. Cheney rencontrait aux Emirats arabes unis les responsables émiratis et devait être reçu par le président Khalifa Ben Zayed Al Nahyane et son Premier ministre Mohammad Ben Rached Al-Maktoum, avant de quitter pour l'Arabie saoudite. Il doit encore se rendre en Egypte et en Jordanie, dernières étapes de sa tournée visant à pousser les alliés arabes de Washington à favoriser la participation de la minorité sunnite au processus politique en Irak et à limiter l'influence de l'Iran chiite dans la région. Des responsables et analystes américains craignent en effet que les violences confessionnelles, entre sunnites et chiites, en Irak ne soient alimentées par le soutien de l'Arabie saoudite, berceau du sunnisme, aux sunnites et celui de l'Iran à la majorité chiite. "Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une guerre par procuration à ce stade", a déclaré jeudi M. Cheney à la chaîne de télévision américaine Fox News. "Je ne pense que c'est le cas actuellement". Le vice-président américain entend aussi mettre à profit ses liens avec l'Arabie saoudite, noués lors de la guerre du Golfe en 1991 et des accords pétroliers, pour apaiser les relations entre les deux pays mises à mal par la crise irakienne. Fin mars et dans une rare attaque publique contre son allié américain, le roi Abdallah a dénoncé "l'occupation étrangère illégitime" de l'Irak et accusé "des forces étrangères à la région" de vouloir tracer l'avenir du Moyen-Orient, lors du sommet arabe à Ryad. Ce n'était pas la première fois que le royaume saoudien se distanciait de la politique américaine en Irak. Fin novembre, un conseiller du royaume avait prévenu que l'Arabie saoudite interviendrait en Irak pour protéger les sunnites en cas de retrait américain précipité. Et le roi saoudien avait aussi refusé de recevoir le Premier ministre chiite irakien Nouri Al-Maliki, l'accusant, selon un diplomate arabe, d'avoir aggravé les divisions sectaires en Irak. Selon un conseiller de M. Cheney, les autres mesures prises par Ryad à l'égard de l'Irak, notamment une annulation importante de la dette, sont pourtant très significatives. "Je pense que globalement la direction saoudienne est une très bonne chose, étant donné la solidité de nos relations avec les Saoudiens et la quantité de travail que nous avons accompli à travers les années", a indiqué ce conseiller sous couvert de l'anonymat. La Maison Blanche voit aussi dans le royaume wahhabite un allié de poids dans sa politique visant à isoler l'Iran et à brider les ambitions nucléaires de la République islamique accusée par Washington de vouloir développer l'arme atomique sous couvert d'un programme civil. "Nous allons nous mettre aux côtés d'autres (pays) pour empêcher l'Iran d'avoir des armes nucléaires et de dominer cette région", a ainsi déclaré vendredi M. Cheney devant des milliers de marins à bord d'un porte-avions qui croise dans le Golfe, au début de sa visite aux Emirats arabes unis. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est d'ailleurs attendu dimanche et lundi aux Emirats arabes unis et à Oman pour des entretiens sur l'Irak et la crise du nucléaire.