Dix candidats sont en course pour l'élection sénatoriale de ce 23 février dans la wilaya de Béjaïa. Un rendez-vous qui semble beaucoup plus intéresser les élus sans attaches partisanes que ceux issus des partis politiques. Huit prétendants, sur les dix engagés pour le poste à pourvoir, se présentent en qualité d'indépendants tandis que côté formations politiques, seuls le RCD et le FLN ont jugé utile de s'investir dans la compétition. Le FFS, qui avait pu placer 157 élus, APC et APW confondues, à l'issue des partielles du 24 novembre 2005, sera le grand absent de ces joutes après avoir été le premier parti à inaugurer la représentation politique de la région au niveau de la Chambre haute du Parlement. La formation de Hocine Aït Ahmed, jugeant officiellement que le rendez-vous est une énième « diversion » politique du pouvoir, boycotte l'élection, et le nombre de ses représentants est donc à déduire des 503 gros électeurs convoqués au suffrage jeudi prochain. Des dissensions sourdes au sein du parti, selon certaines indiscrétions, une tactique visant à faciliter la tâche au candidat du FLN, selon d'autres, seraient les autres raisons du boycottage. Le RND, qui ne boycotte pas, s'abstient, quant à lui, de présenter un candidat, estimant vraisemblablement que la somme des voix de ses 44 élus, auxquelles il faudra ajouter désormais celles de 9 élus indépendants ayant rejoint le parti, ne peut pas suffisamment peser dans la balance. L'opération de charme engagée en direction des indépendants continue à l'orée des sénatoriales, comme peut l'illustrer la présence de nombre d'entre eux à la journée de formation organisée par le parti, jeudi dernier, à Tichy. Des analyses donnent même pour fort plausible une consigne de vote et un soutien discret au profit de l'un des candidats indépendants, qui pourrait renvoyer l'ascenseur une fois élu. L'objectif étant de barrer la route au candidat FLN, M. Tazdaït, un élu d'El Kseur. Les indépendants, présentés souvent et moyennant raccourcis, comme globalement solidaires sur la base exclusive de leur démarcation réelle ou supposée vis-à-vis des partis politiques, révèlent à l'occasion qu'il sont traversés par des contradictions que leur évolution en dehors de cadres structurés ne fait qu'exacerber. Les tentatives récentes de rassembler le plus de monde parmi les 106 éléments qui composent cette « tendance », dont celle menée pour la mise en place d'une « coordination d'élus indépendants » ne parviennent pas à imprimer une démarche consensuelle : le regroupement derrière une candidature ou deux sur la base de décantations motivées et assumées. Madjid Begtache, président de l'APC de Darguina, et Smaïl Mira, président de l'APC de Tazmalt sont les deux noms qui émergent parmi les huit candidats indépendants, ne serait- ce que parce que plusieurs mandants locaux sont à l'actif de l'un comme de l'autre. Dans ce contexte, le candidat du RCD, docteur Kessas, se présente comme le porteur de la bannière de « l'opposition » dans le prolongement de la confrontation électorale avec les « partis de l'Alliance présidentielle » le 24 novembre dernier. Une candidature qui comptera sur les 82 élus du parti, mais aussi sur des voix à glaner du côté des indépendants.