L'instruction d'installer des officines publiques dans les hôpitaux laisse les gestionnaires et les pharmaciens hospitaliers perplexes. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière compte installer des officines publiques au sein des hôpitaux. L'expérience de l'Endimed ne semble pas avoir servi de leçon pour se lancer dans de telles initiatives vouées à l'échec. Ces pharmacies seront gérées directement par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), laquelle fournit également les pharmacies hospitalières dont l'approvisionnement demeure encore un parcours du combattant. D'ailleurs, les ruptures de stocks au niveau des hôpitaux ont défrayé la chronique au cours de l'année 2011 et c'est toujours le statu quo. L'instruction ministérielle du 9 avril, signée par le secrétaire général du ministère, M. Bouchenak, exige de tous les gestionnaires de centres hospitaliers universitaires (CHU ) du pays et du directeur de l'EHU d'Oran de «dégager une structure bâtie ou à bâtir, d'une surface de 50 m2, d'un seul tenant, à l'effet d'accueillir une officine pharmaceutique publique dont la gestion sera confiée à la PCH», lit-on dans l'instruction n°521, qui précise que celle-ci s'inscrit dans le cadre de «l'amélioration de la disponibilité et de l'accessibilité des malades aux médicaments». Une instruction qui a laissé les gestionnaires et les pharmaciens hospitaliers perplexes. Ils ne comprennent pas une telle décision, prise unilatéralement, sans informer au préalable les responsables et les spécialistes sur sa faisabilité, alors que des tentatives ont déjà échoué. Ils s'interrogent justement sur les modalités réglementaires de mise en place de ces pharmacies. Lesquels nécessitent des agréments, des registres du commerce et autres documents indispensables pour commercialiser des produits pharmaceutiques. Comme ils ignorent encore si ces pharmacies donneront des médicaments gratuitement ou si le malade devra payer de sa poche. «Ces pharmacies serviront-elles seulement les médicaments en rupture tels que les anticancéreux et autres produits onéreux disponibles uniquement en milieu hospitalier ?» Cette instruction du ministère de la Santé, qui concerne tous les CHU, est «très ambiguë», fait remarquer le directeur d'un hôpital, car «il faut savoir que les hôpitaux disposent d'une structure hospitalière gérée par un pharmacien hospitalier. Les malades reçoivent automatiquement leurs médicaments lorsqu'ils sont hospitalisés. Ceux nécessitant des traitements prolongés sont également pris en charge au niveau de l'hôpital. Ce n'est pas encore clair pour nous», nous confie-t-il. Certaines sources proches du dossier pensent que la PCH ne sera pas en mesure d'assurer une telle tâche, comme elles supposent que ces pharmacies seront cédées à des pharmaciens qui seront recrutés dans le cadre de la récupération des pharmacies de l'Entreprise nationale de distribution en détail de médicaments (Endimed) qui relèvent désormais du ministère de la Santé, décidé par le Conseil des participations de l'Etat en 2010 pour renforcer la couverture sanitaire du pays, précisant que les officines de l'Endimed sont déployées, dans leur majorité, dans les zones enclavées du pays.