Les professionnels du secteur ont estimé à plus d'une centaine, les médicaments manquants. Les décisions prises dernièrement par le ministère de la Santé pour juguler la crise des produits pharmaceutiques, qui frappe le secteur depuis près d'une année, ne semblent pas en mesure de mettre fin aux souffrances des malades. Beaucoup d'entre eux peinent toujours à voir leurs médicaments enfin disponibles dans les officines. C'est le cas des cancéreux par exemple, qui ne trouvent plus le «Temgésic», un antalgique majeur indispensable contre la douleur. Le «Vincreistine» aussi, destiné au traitement des enfants cancéreux, est encore introuvable dans certains hôpitaux. Ainsi, plusieurs médicaments destinés aux maladies chroniques, (diabète, hypertension, maladies cardiaques...) sont indisponibles sur le marché, s'est plaint récemment l'Association Nour Doha d'aide aux cancéreux. La majorité des pharmacies dans les wilayas du Sud accusent toujours une pénurie flagrante en matière de médicaments, particulièrement ceux des maladies chroniques. Selon un confrère arabophone, des citoyens de la partie Sud du pays ont été obligés d'effectuer des déplacements dans des villes limitrophes aux frontières tunisiennes et libyennes pour acheter un médicament. A titre d'exemple aussi, la wilaya d'Illizi connaît parfois une grave pénurie de produits pharmaceutiques à cause du peu de quantité acheminée dans cette région. La quantité et le nombre de médicaments importés par le ministère de tutelle ne sont-ils pas en contradiction avec la réalité du terrain? La question est désormais plus que jamais posée, du moment que les premières cargaisons des 54 médicaments importées par le département de la santé, sont arrivées au port de Skikda à la fin de la semaine dernière. Rappelons dans le même sillage, que les professionnels ont estimé à plus d'une centaine les médicaments manquants sur le marché national, avant que Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière n'en limite le nombre à 54. Le ministre a estimé, dans une déclaration à la presse, que c'est la faute aux hôpitaux, alors qu'une décision de prolonger la période de stockage, qui passe de trois à six mois, a été prise. Avec l'opération d'importation et le prolongement de la période de stockage, il est concevable pour les responsables du secteur de chercher ailleurs le problème qui fait durer la pénurie. Selon les professionnels du secteur, il existe une sorte de monopole qui ne va pas dans le sens d'une distribution équitable et d'un approvisionnement assuré du marché. Ce monopole est consacré par le statut d'importateur/distributeur de certains opérateurs. Par ailleurs, la dernière déclaration du premier responsable de la Santé, concernant l'Entreprise nationale de distribution des médicaments en détails (Endimed), a laissé perplexes les opérateurs en pharmacie. Ziad Amar, président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop), a qualifié de mesure hors la loi, la décision du ministère de tutelle. «C'est une décision qui va à l'encontre de la loi», a-t-il dit. Joint hier par L'Expression, le même interlocuteur explique que «les agences pharmaceutiques de l'Endimed devraient être mises en vente au profit des jeunes pharmaciens diplômés». Lancée depuis 1998, l'opération de privatisation des 1200 unités pharmaceutiques que compte l'Endimed semble tomber à l'eau. Alors que le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, a annoncé la dissolution définitive de l'Endimed avant la fin de l'année en cours, le Dr Ould Abbès affiche un niet catégorique. «Je m'oppose formellement à la privatisation des 284 officines d'Endimed, elles sont la propriété de l'Etat et le resteront», a-t-il tranché mercredi dernier. Des déclarations qui prouvent l'incohérence qui règne au sein d'un même gouvernement.