Effectuant récemment une visite de travail à Oran, le ministre de la Santé, de la Population et de la réforme hospitalière, Djamel Ould-Abbès, avait affirmé que les pharmacies publiques resteront la propriété de l'Etat. Pour bien préciser sa pensée, le ministre a déclaré que 284 unités pharmaceutiques, réparties à travers l'ensemble du territoire national, “restent la propriété de l'Etat”. Suite aux explications sur la situation générale du secteur, fournies par le responsable de la santé de la wilaya, Ould-Abbès a également souligné que l'entreprise nationale de distribution des médicaments (Endimed) d'Oran restera une propriété publique. Cette déclaration du ministre de tutelle a été accueillie avec satisfaction par les travailleurs des unités Endimed. Malheureusement, cette joie sera de courte durée puisque le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, annoncera, quant à lui, la “dissolution définitive de l'entreprise nationale de distribution des médicaments (Endimed) avant décembre 2010”. S'exprimant devant les sénateurs, à l'occasion d'une séance plénière consacrée aux questions orales, le membre du gouvernement n'a pas omis, cependant, d'évoquer l'avenir des postes d'emploi de cette entreprise, lesquels postes sont estimés à 2 000. “Ils seront dans la mesure du possible maintenus”, a-t-il indiqué. Mais l'affirmation du ministre, au lieu d'apaiser les esprits, a jeté le trouble parmi les travailleurs de l'unité Endimed d'Oran. Les responsables comme les syndicalistes parlent, quant à eux, d'une simple liquidation des officines publiques au dinar symbolique. “Nous ne sommes pas dupes. Les dés sont pipés et jetés à l'avance”, ont-ils affirmé, mercredi soir à Oran. Pour les représentants des travailleurs et les responsables de l'unité d'Oran qui chapeaute sept unités (ouest et sud du pays), le discours du ministre de tutelle est “équivoque”. “La solution envisagée dans les cahiers des charges pour la reprise du personnel exerçant au niveau des agences pharmaceutiques n'est pas à notre avantage”, selon eux. Le chapelet de griefs acerbes des travailleurs a trait à la liquidation indirecte du personnel sans qu'il ne soit indemnisé ainsi que le transfert gratuit des médicaments et des équipements des agences cédées à des prix fictifs au profit des jeunes pharmaciens. Selon eux, cette situation est “une atteinte à l'économie du pays”, expliquant que les potentiels acquéreurs qui sont “inexpérimentés dans la gestion des pharmacies” menace “directement nos emplois”, tiennent-ils à préciser. Dans ce contexte, le ministre de tutelle a annoncé que “la dissolution de l'Endimed se fera après la vente prévue de ses quelque 800 agences pharmaceutiques à travers le pays.” L'opération de vente des 900 agences pharmaceutiques d'Endimed qui avait démarré en 1998 (gelée depuis), “n'a abouti à la vente que de 270 unités dont 146 ont connu un transfert définitif de propriété”. Les syndicalistes de l'unité d'Oran, affiliés à la Fédération nationale des travailleurs de la Santé, subodorent une mauvaise action de la part du ministère de tutelle. “Pour nous, le fait de concéder les pharmacies de l'Endimed au dinar symbolique et au mépris des travailleurs qui ont tant donné pour l'entreprise, relève du mépris suprême”. “Comment peut-on ôter de la bouche de 2 000 travailleurs et pères de famille leur gagne-pain et anéantir tous leurs efforts qui ont rendu les médicaments accessibles aux malades enclavés dans les zones les plus reculées du sud et de l'extrême-sud du pays ?”, s'interrogent-ils. Pourtant, affichant une bonne santé financière, les responsables de l'Endimed ont signé des contrats attractifs avec plus de 50 fournisseurs. Cette mesure devra connaître un dynamisme important puisqu'un chiffre d'affaires d'un montant de 90 milliards de centimes a été engrangé par la seule unité d'Oran en 2009.