Plusieurs dizaines de jeunes filles de la commune de Si Djillali Benamar, 76 km au nord ouest du chef-lieu de wilaya de Tiaret, vivent un incroyable isolement socioprofessionnel qu'exacerbe l'inextricable problème du foncier qui handicape la réalisation d'équipements publics. A vrai dire, ce sont exclusivement deux à trois grandes familles qui accaparent des terres et rendent problématique la réalisation de projets mais, le problème aurait dû trouver des solutions médianes et permettre à la jeunesse locale de s'exprimer dans certaines structures étatiques existantes. Des jeunes filles dont celles de Cherit Bakhta voire de Bouzaida Mokhtaria, sont diplômées et voudraient inculquer leur savoir aux filles du village mais n'arrivent pas à se faire entendre. Plusieurs fois, elles avaient fait le déplacement à Tiaret et, ne sachant à quelle porte frapper, finissent par solliciter la presse et lancer des S.O.S aux responsables concernés. Bakhta, pleine d'énergie et plus que jamais ambitieuse est impatiente, nous remet une liste. « Voilà les noms de 26 jeunes filles qui ont déposé des dossiers afin de pouvoir suivre des cours de couture, de broderie mais nous sommes freinées car l'APC ne fait rien pour nous aider ». Pour poursuivre des études dans les centres de formation professionnelle, il faut aller à Rahouia, à 40 km de là, ou vers l'autre commune voisine, à Oued El Abtal, dans la wilaya de Mascara. « En tous les cas, renchérissent-t-elles, à quoi servent nos études si localement il n'y a pas de perspectives pour ces femmes rurales », concernées pourtant par des programmes d'aide dont celui lié à la réalisation de la maison de la jeune fille. Projets confiés à la DAS qui les exécute en collaboration avec les APC, suivant un montage financier pour lequel sont associés l'ADS, la wilaya, le ministère de la Solidarité nationale et même l'Union Européenne mais, dira le Directeur de l'action sociale, « on reste conditionné par l'adhésion des APC ». Pour l'heure, ajoute t-il, « seule une quinzaine de communes sur les 43 que compte la wilaya ont répondu positivement à nos attentes et certaines maisons dites de la jeune fille sont opérationnelles comme à Feidja, Si Abdelghani. D'autres, comme à Ain Dheb, semblent ne pas jouer le jeu ». On sait que certaines entités sont suffisamment nanties et leurs responsables ont intérêt à y mettre de la volonté pour mieux s'occuper des préoccupations des jeunes.