Vingt-quatre heures après la grogne citoyenne dans la commune de Si Djilali Benamar (70 km au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Tiaret) et l'intervention énergique d'éléments antiémeute de la Gendarmerie nationale, huit personnes, dont un émigré établi en Allemagne, ont été présentées hier au magistrat instructeur près le tribunal de Tiaret. Tiaret. De notre correspondant Le magistrat en charge du dossier a délivré ainsi des citations à comparaître directement pour le 9 septembre prochain à l'endroit de ces citoyens interpellés pour « troubles à l'ordre public ». Les citoyens de cette commune qui avaient coupé, samedi, les principales voies d'accès, dont la RN 91 reliant Tiaret à Mascara, pour protester contre l'absence d'alimentation en eau potable, ne sont pas violents et n'ont pas cherché à troubler l'ordre public, mais ils revendiquaient tout simplement de l'eau à boire par ces temps de canicule », ont tenu à expliquer certains autochtones venus avant-hier nous déclarer leur courroux de voir la population souffrir d'un manque d'eau que les habitants vont chercher dans la commune voisine de Oued El Abtal à Mascara, à 17 km de là, moyennant le paiement de jerricans de 30 litres à 30 dinars, nonobstant les autres problèmes qui accentuent la marginalisation de cette contrée dépourvue d'équipements publics à cause, tenez-vous bien, d'absence d'assiettes foncières. Les réserves foncières existantes appartiennent presque exclusivement à trois grandes familles et handicapent sérieusement les autorités à injecter des équipements. Ceux réalisés l'ont été après désistement des propriétaires. Deux citoyens de ce village, excédés par les dures conditions de vie, font savoir qu'ils vivent dans un no man's land où même pour les besoins de l'inscription de leurs naissances ils vont à Fartassa (Oued El Abtal) et que les registres d'état civil incendiés par les terroristes n'ont pas été renouvelés et génèrent des situations de blocage pour certains dossiers. Rattachée à la daïra de Mechraâ Sfa (ex-Prévost-Paradol), Si Djilali Benamar qui compte quelque 9000 âmes est située au fin fond de la wilaya et beaucoup de citoyens n'ayant rien trouvé pour subsister ont fini par la quitter. Les responsables, face à ce dilemme, ont fait savoir hier qu'« il existe un projet d'AEP à destination de Si Djilali Benamar pour lequel a été dégagée une enveloppe de 8 milliards » et d'indexer « l'émigré d'être parmi les éléments perturbateurs ayant déclenché le mouvement de colère ». Problème objectif qui n'aurait pas dû quand même générer des excès gratuits de violence à l'heure où la région baigne dans ce que d'aucuns qualifient de matelas financiers du développement.