Les temps sont durs pour la famille oursin. Logés à l'abri des courants dans les rochers de Bologhine à Alger, ils ont migré vers Skikda. Les riverains algérois, âgés entre 9 et 16 ans, s'amusaient à les capturer pour les placer sous les pneus des voitures. A Skikda, les temps n'étaient pas meilleurs. Il s'agissait d'éviter les déchargements de polluants chimiques déversés par l'usine alentour. Harassé d'autant d'indigestion qui privait la famille Oursin - brouteur de père en fils - de manger, lil se sont enfui vers Arzew. Un jour, Mme oursin, occupée, les cinq dents dans la roche tendre, a eu la frayeur de sa vie. Elle a été happée par un tuyau qui l'a projetée dans un bassin de décantation. Les travailleurs de la station de dessalement ont eu la présence d'esprit de la rejeter à la mer. Pas pour ses belles épines, mais pour ne pas endommager la membrane ultrasensible de la station. Tandis que les hommes s'attelaient à éviter à la population d'avoir soif, la famille oursin crevait de faim. Il parait que les côtes espagnoles sont vertes de plantes et d'herbe. L'eau est propre et le bonheur à portée de main. Les demandes de visa refusées, c'est à la nage que la famille oursin a traversé le détroit de Gibraltar. Après moult refoulements sur la côte espagnole, la famille oursin prolongea le voyage jusque vers les côtes marseillaises où l'herbe était bonne. Comme pour les oies, les Français nourrissent les oursins. Pour s'en nourrir ensuite. Alertée à temps, la famille oursin s'empressa les épines jusque vers l'Italie. Mais nostalgiques de la côte algérienne, malgré ses polluants, ils organisèrent un retour vers la mère patrie. Béats, ils tombèrent sur une prairie d'algues. A brouter à perte de vue ! Repus des sachets noirs, ils décidèrent de s'établir près du banc d'algues au nom barbare : la caulerpa taxifolia. Plus connue, pour les intimes, sous le nom d'algue tueuse.