Les parents d'élèves s'inquiètent de l'ampleur que prend le mouvement de protestation enclenché par l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) qui vient d'annoncer encore une semaine de grève renouvelable à partir du 29 avril. Les élèves accusent déjà un retard «énorme» dans les programmes, et ce nouveau débrayage les pénalise davantage ; ils sont chamboulés et perturbés au point qu'ils n'arrivent plus à se concentrer sur leurs études. Ce nouveau débrayage est encore plus pénalisant quand on sait qu'il intervient quelques jours après un autre, organisé par le Conseil national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest) pour les mêmes motifs. «Le moment est très mal choisi», martèle une dame qui ne sait plus à qui s'adresser. Interrogée devant un établissement primaire de Mohammadia, elle dénonce le fait que «les grévistes exagèrent». Le syndicat, en appelant à une grève à moins d'un mois de la fin de l'année et quelques jours avant l'arrêt des cours pour les candidats au baccalauréat, est-il en train de prendre en otages les élève ? «Que oui», répondent plusieurs parents. «Déjà que l'année scolaire a débuté avec une semaine de grève, c'est de plus en plus facile d'appeler à une grève», pense un père de famille accompagnant son fils, scolarisé au primaire dans une école de la place du 1er Mai, à Alger. «Je comprends parfaitement que ces enseignants exigent leurs droits, ce qui est tout à fait légitime, mais là, ils exagèrent. Il reste beaucoup de cours non étudiés et ce n'est apparemment pas un problème pour eux. Il y a quelques années, terminer le programme était la principale préoccupation des enseignants, avant que ce soit celle des parents. Aujourd'hui, c'est aux parents de trouver une solution à travers des cours particuliers pour combler les lacunes dues au retard. Un cours non dispensé aujourd'hui est un trou dans la compréhension des leçons demain», insiste notre interlocuteur. Même si les taux de suivi de ce mouvement de protestation diffèrent selon les sources (90% de suivi dans plusieurs wilayas selon l'Unpef et 0% dans 29 wilayas, selon le ministère de l'Education nationale), terminer le programme est «sérieusement compromis». L'Union nationale des associations des parents d'élèves, qui s'en est pris aux enseignants grévistes au début de l'année, n'a entrepris aucune démarche pour faire valoir son opinion. Ahmed Khaled, président de cette Union et candidat aux législatives, est en pleine campagne électorale ; il a dénoncé, la semaine dernière «le recours systématique à la grève par les syndicats des enseignants». Cette association évalue le retard accusé dans le programme de cette année à «en moyenne 7 semaines. Le retard énorme», a-t-on commenté au début de cette grève. De son côté, L'Unpef maintient son mot d'ordre pour une grève d'une semaine renouvelable à partir du 29 avril. «L'Unpef a décidé de poursuivre son mouvement de protestation jusqu'au bout. Ce durcissement de ton s'explique par l'ignorance par la tutelle de nos revendications», explique l'Unpef, dont le président dit «comprendre l'inquiétude des parents». Sadek Ziri estime que la responsabilité incombe aussi au ministère de l'Education nationale qui «persiste à ignorer nos revendications liées principalement à la révision du statut. Le rôle d'un syndicat est de défendre les droits de ses adhérents et, en Algérie, le seul moyen pour faire valoir ce droit est la grève, que nous menons à contrecœur, mais cela reste un passage obligatoire si nous voulons un enseignement de qualité. Les parents d'élèves doivent diriger leur colère plutôt vers le ministère».