Hier, à l'occasion de leur rassemblement hebdomadaire devant le siège de la Commission nationale consultative de la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), une centaine de parents de disparus ont tenu à dire ce qu'ils pensaient du projet. Devant une multitude de policiers en uniforme et en civil dépêchés sur les lieux tôt le matin, les manifestants se disent « indignés » par le contenu du texte rendu public par le gouvernement. « C'est une honte pour le pays. C'est un scandale ! », a déclaré Nacéra Dutour, responsable de l'association SOS disparus. Les familles ne sont pas prêtes, semble-t-il, de se taire. L'alinéa sanctionnant « toute déclaration et tout écrit instrumentalisant les blessures des victimes de la tragédie » n'empêchera pas les familles, selon notre interlocutrice, de revendiquer leur droit à la vérité et à la justice. Les textes en question, selon ces femmes, sont rejetés tant qu'il n'y a pas réparation morale. « J'ai pas besoin d'argent. Je veux mon fils. Je veux le voir. S'il est mort je veux l'enterrer et visiter sa tombe », a lancé Mme Chergui dont le fils a été arrêté chez lui en 1993 à 1h. « S'il avait pris le chemin des maquis, je ne chercherai pas après lui. Mais, j'ai des informations confirmant que mon fils est emprisonné. Il est vivant, je veux le voir », a-t-elle ajouté. Les mères de Belhadj Mohamed, Achouri Remdhane et Brahimi Mohamed (arrêtés en 1994) demandent la vérité et la traduction devant les tribunaux des responsables des arrestations forcées. Les protestataires en veulent également au président de la CNCPPDH, Farouk Ksentini. Pour elles, Ksentini, même en étant conscient que les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles, a joué le jeu des autorités. En somme, les familles ont une certitude : « Leurs fils sont vivants. » Elles appellent le président Bouteflika à faire la lumière sur leur sort.