El Omaria est la ville aux mille cafés. Le visiteur remarque, à première vue, des centaines de jeunes et moins jeunes attablés dans des terrasses longeant cette ville. Un phénomène plus que révélateur : tout manque à El Omaria et il n'y a presque rien à faire sauf ‘‘broder'' à longueur de journée, tout en prenant un café ou sirotant un thé. Le taux de chômage y est inquiétant en l'absence d'investissements. Les plus chanceux des habitants de l'ancienne Champlain arrivent à décrocher un emploi dans l'unique abattoir de la région. Employant une trentaine de personnes, cet investissement a été concrétisé par Boumahdi Omar, un enfant d'El Omaria, une fois le diplôme universitaire de la prestigieuse Sorbonne en main. Sinon, les nombreux chômeurs sont obligés d'aller voir dans les villes voisines ou carrément dans l'Algérois. Et pourtant, El Omaria, située à moins de 40 km à l'est de Médéa, a tout pour être parmi les grandes ! En dépit de la fertilité de ses terres, comparées même à la Mitidja, les aides de l'Etat concernant le secteur agricole y arrivent au compte-gouttes à cause d'une bureaucratie tant décriée. Le barrage Ladrat, ayant une capacité de 10 millions de m3, n'est pas utilisé à bon escient. «60% de ses eaux s'infiltrent et 20% partent suite à leur évaporation», se désole Guentour Mohamed, expert local en agriculture. Cela se passe au moment où des milliers d'hectares situés en amont d'El Omaria manquent d'irrigation. Il n'y a aucun système pour pomper les eaux de ce barrage afin d'irriguer les parties manquant d'eau et souffrant de sécheresse. Côté histoire, rien n'est fait pour reconnaître au moins ses mérites. En étant un haut lieu des révolutionnaires durant l'occupation française, elle bat tous les records concernant le nombre de martyrs tombés au champ d'honneur sur ses terres entre 1954 et 1962. Cette petite localité compte quelque 3200 chahids qui ont sacrifié de leur vie pour l'indépendance de l'Algérie. El Omaria, qui a enfanté le célèbre commandant de la Wilaya VI, le Colonel Si Tayeb Djoughlali (de son vrai nom Bouguesmi Tayeb), lequel avait succédé au Colonel Si El Haouès, était aussi une région où bouillonnaient le militantisme et l'activisme politique à partir des années 1940. Souidani Boudjemaâ, Lakhdhar Bouragaa, Si M'hamed Bougara… sont tous passés par cette petite Mecque des révolutionnaires qui demeure malheureusement l'éternelle oubliée ! Même pas un réseau de gaz de ville, comme dirait l'autre…