La brigade économique de la Gendarmerie nationale s'est saisie d'une affaire relative à des infractions en matière d'emploi de la main-d'œuvre étrangère, de détournement de deniers publics, d'infraction aux codes des marchés et des impôts dans une entreprise de construction, en l'occurrence Bâti Gec sous-traitante de l'entreprise américaine Brown & Root Condor pour la réalisation de 300 logements de l'hôpital militaire des quatre chemins de la commune d'El Khroub pour un montant de 53 477 424, 00 DA. Ce chantier, issu d'une filiale de l'ex-Bâti Métal est géré par des ex-responsables d'une grande entreprise de génie civil et de construction, Géni Sider, qui a déposé son bilan à la suite des restructurations subies. En effet, 86 travailleurs étrangers d'origine égyptienne sont rentrés dans le pays en qualité de touristes avec un visa de séjour d'un mois. Leur guide, un responsable d'une entreprise fictive Coffor-Egypte d'origine égyptienne également, leur a miroités des conditions de travail avec de meilleurs salaires en Algérie pour les persuader d'accepter l'aventure. La transaction illégale de l'emploi de ces ouvriers d'exécution, faut-il le rappeler, a été conclue entre le passeur égyptien et le patron d'une autre entreprise fictive gérée par un Français d'origine tunisienne ayant conclu le « marché du travail » avec Bâti Gec qui emploie environ 160 ouvriers. Il y a deux mois, la gendarmerie a découvert les Egyptiens errants à travers les rues désertes de la nouvelle ville Ali Mendjeli rongés par la faim et grelottants de froid. Ces personnes survivaient dans des conditions misérables entassées dans des baraques désaffectées du chantier en mendiant leur nourriture auprès des habitants. Les autorités leur ont confisqués leur passeport, étant donné l'expiration du délai de leur séjour. Ils se trouvent, par conséquent, sous le contrôle administratif, d'autant qu'ils n'ont pas de permis de travail dûment établis par les services compétents. De ce fait, ils se sont retrouvés dans l'incapacité de revendiquer leurs rémunérations impayées. Le comble, c'est que l'employeur Bâti Gec s'est adressé (correspondance n°816/05) à l'ambassade d'Algérie en Egypte pour couvrir l'infraction commise avec l'envoi d'un certain nombre d'ingénieurs et de techniciens. C'est alors que les Egyptiens ont saisi le procureur près le tribunal d'El Khroub qui les a orientés vers les services de l'inspection du travail pour faire valoir leurs droits et instruit les inculpés (Bâti Gec, Conffor Egypte) en vue de leur comparution pour les griefs retenus contre eux. Quant aux malheureux ouvriers, leurs doléances auprès des services consulaires de l'Egypte à Alger « n'ont pas trouvé d'écho », disent-ils. En attendant, les pauvres malheureux prennent leur mal en patience espérant une solution qui tarde à venir.