Les vignobles des zones intérieures de la façade maritime ont subi des dégâts parfois irréversibles. À travers l'ensemble des zones viticoles du Mostaganémois, c'est à un véritable branle-bas de combat que les viticulteurs nous convient bien malgré eux. En effet, que ce soit dans les vignobles de la bande côtière, celles des coteaux du Dahra ou celles du plateau de Banbadelmalek Ramdane et de Hadjadj, partout les fellahs s'activent sans interruption et ce, depuis deux semaines. Cette effervescence s'explique essentiellement par la succession des bouleversements météorologiques que vient de connaître la région. En effet, il y a déjà deux semaines, c'est un vent violent et soutenu qui a soufflé sur la région, brûlant les bourgeons encore gorgés de sève qui émergent des vignes à la faveur du printemps. Les rafales de vent ont été si violentes que les jeunes pousses ont été brûlées sur-le-champ. Partout, ces brûlures ont laissé des stigmates bien visibles non seulement sur le feuillage mais également sur les jeunes grappes. Tandis que les vignobles des zones intérieures, souvent protégées par la nature du terrain, ont été plus ou moins épargnées, celles de la façade maritime ont eu à subir des dégâts parfois irréversibles. Une fois passée cette première alerte – que beaucoup d'exploitants auraient pu contrer en plantant, comme cela se fait depuis les temps immémoriaux, des alignements de seigle en guise de brise-vents, ce sont les rafales de pluies qui ont pris le relais, mettant une pression autrement plus redoutable sur les fellahs. Qui se sont de suite rappelé que, l'année dernière, pratiquement à la même époque, les intempéries et la forte pluviosité avaient empêché les agriculteurs de rentrer dans les vignes et de traiter préventivement contre les maladies fongiques. Absence d'un soutien technique Si bien que durant plus de trois semaines, une très forte humidité avait permis le développement du mildiou et de l'oïdium, les deux plus redoutables fléaux de la viticulture. N'ayant pas pu accéder aux champs et surtout à court de produits chimiques de qualité, la grande majorité des fellahs avait laissé faire la nature. Les dégâts furent considérables et en tout cas sans commune mesure avec ce qui était généralement observé dans le vignoble algérien. Si bien qu'au moment de la récolte, les effets conjugués du mildiou, de l'oïdium et parfois du Botrytis ne laisseront que des squelettes sans vie à la place des grappes. C'est pourquoi, lors de ces dernières semaines, partout où pousse la vigne, les pulvérisateurs à dos ainsi que les engins tractés n'ont cessé de sillonner les rangs de vigne. Dans la région de Hadjadj et de Aâchaâcha, les fellahs les plus aguerris ne laissent aucun répit à leurs ouvriers et à leurs engins de pulvérisation. À l'intérieur des terres, dans la région de Kheireddine, d'Oued El Kheir et d'Ouled Dani, là où est produit la plus succulente variété de raisin de table du pays, le fameux Aâdari, les fellahs ne quittent plus les vignes, surveillant le moindre flétrissement de feuilles. La catastrophe de l'année dernière est dans toutes les mémoires. Toutefois, toute cette mobilisation se fait en l'absence d'un véritable soutien technique de la part des structures concernées. Dans les vignes qui jouxtent le village de Benabdelmalek Ramdane, l'oïdium est déjà bien installé, prouvant combien les avertissements agricoles sont défaillants.