Les choses sérieuses commencent pour François Hollande, investi hier président de la République française lors d'une cérémonie sobre au palais de l'Elysée, en présence de nombreux invités et, pour la première fois, de représentants des organisations syndicales. Paris De notre correspondant Comme annoncé, la cérémonie de passation de pouvoir entre le président sortant, Nicolas Sarkozy, et son successeur, a débuté à 10h. Nicolas Sarkozy a accueilli François Hollande sur le perron de l'Elysée. Les deux hommes se sont ensuite retirés durant trente-cinq minutes dans le bureau présidentiel. Le candidat sortant a transmis au nouveau président les codes nucléaires, les dossiers importants en cours ainsi que quelques demandes concernant le recasement de certains de ses proches comme le veut la tradition. De leur côté, les invités attendaient dans le grand salon de l'Elysée, où François Hollande a prononcé son premier discours de président. Le nouveau chef de l'Etat français a promis de respecter les institutions française. «Je ne serai pas le président de tout. Je ne déciderai pas de tout. Le gouvernement sera respecté. Le Parlement aussi. L'Etat, qui appartient à tous les Français, sera impartial», a-t-il dit. Et d'ajouter : «Je mesure le poids des contraintes. Une dette lourde, un chômage massif et une Europe qui peine à sortir de la crise, mais les atouts de la France sont considérables.» Oublié le «bling-bling» Hollande, qui a déjà imprimé son propre style de gouvernance, opposé à celui de Sarkozy qualifié de «bling-bling», a émis le vœu que les différences qui existent entre les Français ne se transforment pas en divisions. Il a appelé tout le monde à s'unir autour des valeurs de la République. Il a également salué tous ses prédécesseurs à l'Elysée, avec une pensée particulière pour François Mitterrand dont il s'inspire. Sur le plan extérieur, M. Hollande a promis de respecter tous les peuples, notamment ceux de l'Europe qui nous regardent et attendent, a-t-il estimé. Peu auparavant, il a reçu la Légion d'honneur, l'insigne supérieur de la République. A la fin du protocole, il a salué les 380 convives, tantôt en leur serrant la main, tantôt en leur faisant la bise, notamment aux femmes. Mais M. Hollande n'a pas estimé nécessaire d'inviter ses quatre enfants, ni son ancienne compagne, Ségolène Royal, qui l'ont rejoint dans l'après-midi à la mairie de Paris. Encore une fois, François Hollande a tenu à se démarquer de la cérémonie de Sarkozy en 2007 où il était entouré de sa femme Cécilia et de ses enfants, à la manière des stars de cinéma. Comme le veut la tradition, François Hollande a remonté les Champs-Elysées à bord d'une berline de marque Citroën DS5. Il a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe du soldat inconnu sous l'arc de triomphe. Dîner avec Merkel à Berlin Avant de revenir déjeuner à l'Elysée avec les anciens Premiers ministres socialistes, le président français s'est offert un bain de foule sous une pluie battante. Dans l'après-midi, François Hollande est allé au jardin des Tuileries où il a rendu hommage à Jules Ferry, père de l'école laïque et obligatoire. La cérémonie a été marquée par la présence de nombreux écoliers et responsables de l'éducation nationale.Dans son discours, M. Hollande a précisé qu'il a rendu visite à la statue de Jules Ferry pour célébrer deux lois, celle qui a instauré la laïcité de l'école et celle qui l'a rendue obligatoire. Il a néanmoins regretté que Jules Ferry soit un farouche partisan de la colonisation. Le président français a ensuite salué l'école comme un «lieu d'émancipation et d'égalité». «L'école, c'est l'arme de la justice et de la mixité sociale. C'est un lieu d'intégration nationale.» M. Hollande a aussi annoncé qu'il donnera la priorité aux établissements scolaires situés dans les quartiers pauvres et les banlieues. Pour son troisième rendez-vous, François Hollande est parti à l'Institut Curie pour rendre un hommage à Pierre et Marie Curie, Française d'origine polonaise, lauréate de deux prix Nobel, de physique et de chimie. Il finira sa première journée de président à la mairie de Paris où il a prononcé un discours offensif dans lequel il a dévoilé le nom de son Premier ministre, en la personne de Jean-Marc Ayrault. Après s'être offert un ultime bain de foule en compagnie des Parisiens, le nouveau président français s'est envolé à Berlin où il devait dîner avec la chancelière allemande, Angela Merkel, pour un premier contact.