L'ex-émir national de l'Armée islamique du salut (AIS), Madani Mezrag, a profité de la tribune que lui a offert, vendredi dernier, l'émission « Point d'ordre » de la chaîne de télévision Al Arabia, pour annoncer la participation de ses « troupes » aux élections législatives de l'année prochaine sous la bannière du FLN. « Nous allons essayer de prendre part aux différents scrutins, quelle que soit leur forme, en injectant les noms des frères (comprendre de l'ex-FIS) dans les listes du FLN surtout. » Serein, Madani Mezrag avance ses projections sur un ton sûr en faisant remarquer qu'il en avait déjà discuté avec les dirigeants du parti de Belkhadem. Il précisera également que d'anciens « cadres » du FIS pourraient aussi compléter les listes des partis islamistes et celles des indépendants. « Il faut un parti qui puisse encadrer ce qui reste du FIS », tranche-t-il. Bien que l'ex-chef terroriste n'exclut pas la création d'un nouveau parti politique sur les décombres de l'ex-FIS dans la mesure où, dit-il, il « jouit de tous ses droits civils et politiques ». Mezrag précise, à ce propos, que « la priorité est de participer aux prochaines élections quelle qu'en sera la forme ». « Pourquoi donc avoir choisi le FLN ? », interroge l'animateur. « Vous n'êtes pas sans savoir que la référence de ce parti est la déclaration du 1er Novembre qui proclame une République algérienne démocratique et sociale dans le cadre des principes islamiques ; et j'insiste sur la dernière précision », répondra-t-il. Il notera aussi que le FLN « s'améliore petit à petit ». L'invité d'Al Arabia soulignera que « ce projet est le mien et celui du président de la République que nous avons soutenu en 1999 et en 2004 ». L'émir « tréviste » semble avoir fait le deuil sur l'instauration d'un Etat islamique, au sens « Fisiste » du terme, en faisant remarquer que « l'Algérie possède des institutions élues démocratiquement et qui font correctement leur travail ». S'il s'inscrit pour le moment en droite ligne du projet de Bouteflika, il n'exclut pas moins l'éventualité de s'opposer au « système s'il venait à changer de cap ». Madani Mezrag qui confirme ses contacts permanents avec les « autorités » sans les identifier, semblait un peu gêné par la conclusion de l'animateur qui l'affublait du titre de « chargé de mission du pouvoir ». « Il est vrai que le contact n'a jamais été rompu entre nous, mais je ne suis pas spécialement chargé de cette mission », nuance-t- il. L'ex-patron du bras armé du FIS confirme en revanche qu'il est chargé de négocier avec les éléments du groupe armé rival, le GSPC, pour les convaincre de descendre des maquis. « Ces bons offices », Mezrag les explique par « un engagement » qu'il aurait pris en 1997 avec les officiers supérieurs de l'armée de faire en sorte que les irréductibles se repentissent. « Je suis en contact avec les "ikhouan'' (les frères) du GSPC et ils n'attendent que la promulgation des textes de la charte pour quitter définitivement les maquis pour peu que ces textes soient justes et équitables. » Madani Mezrag pense que les montagnes vont se « vider aussitôt que les textes seront promulgués ». Pour lui, « ne resteront que de petits groupes éparpillés qui disparaîtront d'eux-mêmes ». Sur un autre chapitre, l'ex-émir national de l'AIS a indiqué avoir tué « des militaires, des gendarmes et des policiers par légitime défense » affirmant que ce sont ces derniers -les forces de sécurité- « qui devraient répondre devant les tribunaux pour la guerre qu'ils nous ont menée ». Y a-t- il un risque pour que les militaires rééditent le scénario de janvier 1992 en faisant échec au projet de Bouteflika ? « Impossible », tranche, presque sentencieux, Madani Mezrag, invitant l'animateur à « patienter quelques jours pour voir ».