La dépouille de la diva de la chanson algérienne et arabe, Warda El Djazaïria, a été inhumée hier en début d'après-midi au carré des martyrs au cimetière El Alia, en présence d'une foule nombreuse composée des proches de la défunte, d'officiels, d'artistes, d'hommes de culture et plusieurs dizaines de ses fans, dont certains étaient venus d'autres régions du pays se recueillir à sa mémoire. On pouvait remarquer Saïd Bouteflika, frère du président de la République, Ahmed Ouyahia, Premier ministre, des membres du gouvernement à l'instar de Amar Tou, Noureddine Moussa, Amar Ghoul et de commis d'Etat, dont Mohamed Laksaci, Hamraoui Habib Chawki et le patron de la centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd. Des représentants de pays arabes étaient aussi de la cérémonie, dont le conseiller du roi du Maroc Mohammed VI, Fouad El Himma. Parmi les hommes de culture et de l'art, on notera, entre autres, la présence de Sid Ali Kouiret, Mohamed Lamari, Amine Zaoui, Azzedine Mihoubi et Mustapha Cherif, ancien ambassadeur d'Algérie au Caire. Recouvert de l'emblème national, le cercueil de cette icône de la musique arabe a été convoyé au milieu d'un cortège funèbre à partir du Palais de la culture jusqu'au cimetière El Alia, avant de recevoir les honneurs de la Protection civile. Un représentant du ministère de la Culture avait prononcé l'oraison funèbre au milieu d'une ambiance de vif émoi. Ce responsable est revenu sur le «fabuleux» destin de la chanteuse qui a mis sa voix au service de sa patrie, avant et après la guerre de Libération. Une oraison entrecoupée de cris : «Tahya El Djazaïr» (vive l'Algérie !) «Mazal Wakfin» (nous sommes toujours debout) et «Allah ou akbar» (Dieu est grand). Moment de profonde affliction, la mise en terre de la dépouille de celle qui avait bercé tant de générations a été accompagnée des youyous stridents de nombreuses femmes. Un fait exceptionnel dans un pays musulman où seuls les hommes sont admis au cimetière, selon le rite musulman. Sur sa tombe, des gerbes de fleurs étaient déposées par des mains anonymes en signe d'un dernier adieu. Sur place, Ryad, la cinquantaine, fils de la chanteuse, a reçu les condoléances de nombreux citoyens et autres responsables de l'Etat. «L'Algérie vient de perdre l'une de ses étoiles», commente Mohamed, fan de Warda, depuis son jeune âge. Nombreux ont salué «une femme de génie». D'aucuns n'arrivaient à pas retenir leur émotion. Dans la matinée, son cercueil était exposé au palais de la culture Moufdi Zakaria pour recevoir un dernier hommage des Algériens. Les ministres des Affaires étrangères, Mourad Medelci, de la Culture, Khalida Toumi, et de la Communication, Nacer Mehal, des artistes et des hommes de culture étaient venus accueillir le cercueil. Dans son discours, Khalida Toumi, ministre de la Culture, a rappelé que Warda «n'avait jamais hésité à offrir sa voix et même ses revenus à l'Armée de libération nationale». Décédé jeudi dernier à l'âgé de 72 ans à son domicile au Caire, son corps a été rapatrié à Alger par un avion spécial, affrété par la présidence de la République ; où il a été accueilli vendredi soir à l'aéroport par plusieurs ministres. Le président Abdelaziz Bouteflika avait aussi rendu un hommage à celle qui avait «dédié son art entièrement» à l'Algérie. Le ministre de la Culture égyptien a déclaré que Warda avait «joué un grand rôle et concrétisé la relation entre l'Egypte et l'Algérie». Pour sa part, la presse nationale n'a pas tari d'éloges à l'égard de l'une des plus belles voix d'Algérie et du monde arabe. Jamais dans l'histoire de l'Algérie, un artiste n'a eu droit à tant d'hommages officiels au moment où certains intellectuels libres ou artistes n'ont pas bénéficié du même traitement. Avant son décès, Warda El Djazaïria avait tourné un vidéoclip à la gloire de l'Algérie intitulé Mazal wakfin à l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance. Avec des millions d'albums vendus à travers le monde pour un répertoire musical comprenant plus de 300 chansons, la célèbre chanteuse orientale, de son vrai nom Warda Ftouki, est entrée assurément dans le panthéon des immortels de la chanson arabe aux côtés des Oum Kalthoum, Abdelhalim Hafez et bien d'autres.