Le climat général délétère qui règne dans le monde des affaires en Algérie fait que le code de bonne gouvernance est relégué au second plan. Après cinq années d'existence, le Code algérien de gouvernance d'entreprise ne semble pas avoir réussi à convaincre les entreprises algériennes à y adhérer et à s'impliquer pleinement dans les actions envisagées par ses initiateurs. C'est ce qu'ont révélé des membres du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) présents, hier, au deuxième jour des travaux du 11e symposium international de MDI Business School, auquel participent des experts et spécialistes en finances, gestion et économie algériens et étrangers.Selon Slim Othmani, directeur général de la Nouvelle conserverie algérienne et ex-président de la Task Force nationale ayant élaboré et préparé la publication du Code algérien de gouvernance, «ni les pouvoirs publics ni les entreprises privées ne se sont intéressés à ce code après sa publication, bien qu'ils aient affiché, lors de son élaboration, tout l'intérêt nécessaire». Cela ne signifie nullement que nos chefs d'entreprise accordent peu d'importance aux problématiques de la gouvernance, mais le climat général délétère qui règne dans le monde des affaires en Algérie fait que cette question est reléguée au second plan, expliquent les spécialistes. Il faut rappeler, à ce propos, qu'un institut algérien de gouvernance d'entreprise, baptisé Hawkama El Djazaïr, a été créé par le CARE en 2010 dans un cadre du partenariat public-privé visant justement à développer la performance du tissu économique en Algérie par la promotion des bonnes pratiques de gouvernance d'entreprise, et ce, au moyen d'activités de formation, d'information, de conseil et d'étude. Cependant, de l'avis des experts, le droit de propriété, principal point sur lequel s'appuie la notion de gouvernance, est complètement érodé dans l'entreprise publique où il se transforme en une «capture de pouvoir» et revêt une «conception d'absolutisme» dans le secteur privé dominé, majoritairement, par des PME et des TPE. Les participants aux travaux du symposium ont eu droit, par ailleurs, à une présentation de quelques expériences de changement du mode de gouvernance opéré au sein de grandes entreprises comme Cevital ou Alliance Assurances. Selon Louis Roquet, nouveau directeur général du groupe Cevital, «l'âge du fondateur du groupe et la croissance qu'a pris l'entreprise ont fait que le mode de gestion entrepreneurial devait impérativement changer». Il dira que l'entreprise «est toujours en l'apprentissage», mais d'ores et déjà, certaines pratiques de bonne gouvernance sont apparentes, «comme le fait de publier les résultats, alors que l'entreprise n'y est pas obligée». Pour sa part, le PDG d'Alliance Assurances, Hassan Khelifati, a indiqué que l'entrée en Bourse de son entreprise nécessitait préalablement une réforme de son mode de gouvernance. Il a fait savoir que trois administrateurs indépendants ont été recrutés, en plus d'un vice-président chargé de l'opérationnel. Trois comités chargés de la stratégie, de l'audit et du contrôle interne et des rémunérations ont été également créés pour instaurer de nouvelles pratiques, «en concordance avec les principes de la bonne gouvernance», souligne M. Khelifati.