Le président du Front des forces socialistes, Hocine Aït Ahmed, a adressé un message aux membres du secrétariat national appelant à sanctionner les tentatives internes de déstabilisation du parti. «La construction du parti et la construction de l'alternative démocratique vont de pair. Plus que jamais. L'ouverture en direction de la société impose une rigueur dans le travail et une éthique politique sans faille. Deux choses impossibles à concrétiser sans le respect de la discipline militante et du parti», dit Aït Ahmed avant d'introduire son appel à la prise de «décisions fermes» contre les militants indisciplinés. «Un certain nombre de mesures doivent impérativement être discutées au sein des instances du parti et donner lieu à des décisions fermes (…). L'éthique politique commence avec le respect de nos propres décisions», précise Aït Ahmed, qui rend ainsi publique l'existence de cas d'indiscipline au sein de sa formation politique. Le président du FFS explique sa démarche en affirmant : «Il m'est parvenu des informations sur des comportements indignes de la part de responsables ou de figures importantes du parti à l'occasion de ces élections. J'ai demandé à ce que tous les manquements soient rapportés et dûment consignés dans des rapports qui seront discutés dans les instances du parti et sur lesquels je souhaite être tenu informé au plus tôt.» Plus question, semble-t-il, de laisser passer des comportements qui nuisent au FFS. Un parti qui, de l'avis de ses responsables, a mené «une campagne dans l'adversité et faisant face à des attaques de toutes parts. Heureusement que nous avions le soutien des citoyens». Hocine Aït Ahmed intervient pour mettre le holà : «Je tiens d'ores et déjà à vous signaler qu'à l'heure où notre appel à la réhabilitation du politique et de l'éthique politique trouve un écho au sein de la société, il serait intolérable que le parti ne donne pas lui-même l'exemple en la matière.» Le leader charismatique dénonce carrément les «comportements fractionnels» de certains. «Les comportements fractionnels, les chantages à la dissidence et toutes les formes de pression que des individus ou des groupes d'individus ont menés en direction du parti, lors de la campagne électorale ou après, doivent faire l'objet de mesures exemplaires.» Le mot est dit : Aït Ahmed donne son verdict et opte pour des sanctions exemplaires. La campagne électorale du FFS n'a pas été facile : des militants déçus de n'avoir pas été choisis comme candidats à la députation ou parce que mal classés sur les listes, nous dit-on, ont carrément mené campagne contre les choix du parti, allant jusqu'à appeler les citoyens à boycotter ou à ne pas voter pour le FFS.On parle même de l'ancien premier secrétaire, Karim Tabbou, qui aurait refusé de mener campagne, bien qu'il ait été inscrit en deuxième position sur la liste de Tizi Ouzou et se trouve aujourd'hui élu. Après l'annonce des résultats des élections, Samir Bouakouir, représentant du FFS à l'étranger, candidat en France, qui n'a pas été élu, a, pour sa part, appelé à une conférence nationale des cadres en allant jusqu'à accuser, avec des mots à peine voilés, des membres de la direction du parti de «compromission». C'est dire que la réaction du président du FFS est à la mesure du malaise ressenti dans cette formation politique, qui revient à l'Assemblée nationale après le boycott des deux précédents rendez-vous législatifs. Il appelle les députés à être les dignes représentants des principes du FFS Dans son message Hocine Aït Ahmed, qui ne cite aucun nom, précise qu'il faudra procéder au cas par cas : «Nous devons dans le même temps veiller à être justes et ne pas confondre erreur d'appréciation ou carence individuelle et faute politique. Il y a un gouffre entre la divergence d'opinion et le travail de sape et de sabotage du parti.» Et d'appeler au respect des pratiques démocratiques au sein du parti en notant : «A maintes reprises déjà, j'ai attiré votre attention sur l'importance de la concertation, du débat et de l'organisation la plus rationnelle du travail au sein du parti. Nous avons nos limites que nous essayons de repousser afin d'être aussi souples que possible entre camarades ; il y a néanmoins des conduites qui ne sauraient être passées sous silence.» Outre «le traitement des cas de comportements nuisibles au parti durant les dernières élections», Aït Ahmed invite les membres du secrétariat à la préparation de l'encadrement politique de la participation parlementaire du FFS. Evoquant les élections, Aït Ahmed fait savoir aux cadres et militants du parti que «les choses n'ont pas été faciles. Aucune élection n'est facile, pas même dans les pays démocratiques. Que dire alors quand ces élections se déroulent dans un pays où un régime autoritaire se maintient par la force et la fraude, la mainmise sur tous les instruments de régulation, la corruption généralisée et la manipulation des faiblesses d'une société durement éprouvée par une décennie de violence ?» A propos de la représentation au sein de l'APN, Aït Ahmed appelle les députés FFS à faire preuve de rigueur et d'être les dignes représentants du parti et de ses principes : «Je voudrais attirer votre attention sur le fait qu'il s'agit là de la représentation du parti tel qu'il s'est présenté devant les Algériens depuis des décennies. Une telle représentation est trop lourde pour être laissée sans gouvernail politique. Le groupe parlementaire du FFS est d'abord le représentant d'un parti politique qui a des instances où s'élaborent son programme, son projet et son discours.» Et de souligner qu'en tant que «parti politique, nous avons des règles de conduite politique et nous devons en expliquer le caractère incontournable par des pratiques pédagogiques». L'entrée au Parlement n'est qu'une étape dans la réhabilitation du politique ; Aït Ahmed le souligne en invitant son parti à encadrer ses parlementaires. «Des principes clairement énoncés dans notre projet politique, une éthique de la responsabilité, la concertation comme axe stratégique et le travail commun, comme lieu d'élaboration de chaque programme d'étape, nous aideront à avancer dans la réhabilitation du politique par l'action politique», explique le leader politique. A noter qu'une réunion du groupe parlementaire du FFS est prévue pour aujourd'hui.