Dans une note au secrétariat national du FFS, Aït Ahmed écrit que “les comportements fractionnels, les chantages à la dissidence et toutes les formes de pression que des individus ou des groupes d'individus ont menés (…) lors de la campagne électorale ou après doivent faire l'objet de mesures exemplaires”. Quelques jours seulement après la promulgation des résultats du scrutin du 10 mai, une purge est annoncée au FFS. Dans une note, pour le moins surprenante, adressée au secrétariat national et rendue publique hier, le président du parti, M. Hocine Aït Ahmed, a appelé les instances dirigeantes du parti à prendre des “mesures exemplaires” à l'encontre de “certains responsables et figures du parti” dont le comportement a été “indigne” pendant la campagne électorale. “Il m'est parvenu des informations sur des comportements indignes de la part de responsables ou de figures importantes du parti à l'occasion de ces élections. J'ai demandé à ce que tous les manquements soient rapportés et dûment consignés dans des rapports qui seront discutés dans les instances du parti et sur lesquels je souhaite être tenu informé au plus tôt”, écrit Aït Ahmed. “Je tiens d'ores et déjà à vous signaler qu'à l'heure où notre appel à la réhabilitation du politique et de l'éthique politique trouve un écho au sein de la société, il serait intolérable que le parti ne donne pas lui-même l'exemple en la matière. Les comportements fractionnels, les chantages à la dissidence et toutes les formes de pression que des individus ou des groupes d'individus ont menés en direction du parti lors de la campagne électorale ou après doivent faire l'objet de mesures exemplaires”, recommande-t-il. Aït Ahmed ne précise pas l'identité des “responsables” et autres “figures” visés par ces mesures dont il ne précise pas, non plus, la nature quoique relevant d'une instance au sein du parti. Mais l'on croit savoir que des ex-premiers secrétaires, des membres du conseil national et des responsables locaux dont le secrétaire fédéral de Béjaïa qui vient d'être remplacé au pied levé par un député fraichement élu sont ciblés par le leader. “La construction du parti et la construction de l'alternative démocratique vont de pair. Plus que jamais auparavant. L'ouverture en direction de la société impose une rigueur dans le travail et une éthique politique sans faille. Deux choses impossibles à concrétiser sans le respect de la discipline militante et du parti. Un certain nombre de mesures doivent impérativement être discutées au sein des instances du parti et donner lieu à des décisions fermes. Le suivi et le contrôle de l'application des décisions constituent la pierre d'achoppement de tout édifice institutionnel. L'éthique politique commence avec le respect de nos propres décisions”, soutient-il. Mais ce qui apparaît visiblement, aux yeux de l'ex-responsable de l'OS, comme un “assainissement” des rangs, ne doit pas être perçu comme une chasse aux sorcières, selon lui. “Nous devons dans le même temps veiller à être justes et ne pas confondre erreur d'appréciation ou carence individuelle et faute politique. Il y a un gouffre entre la divergence d'opinion et le travail de sape et de sabotage du parti. À maintes reprises déjà, j'ai attiré votre attention sur l'importance de la concertation, du débat et de l'organisation la plus rationnelle possible du travail au sein du parti”, dit-il non sans insister sur la fermeté. “Nous avons nos limites que nous essayons de repousser afin d'être aussi souples que possible entre camarades, il y a néanmoins des conduites qui ne sauraient être passées sous silence.” Evoquant la participation du parti au scrutin, Aït Ahmed n'a pas manqué de “remercier” les militants pour leur engagement même s'il reconnaît que la mission n'a pas été tout repos. “Je sais que les choses n'ont pas été faciles, aucune élection n'est facile, pas même dans les pays démocratiques. Que dire alors quand ces élections qui se déroulent dans un pays où un régime autoritaire se maintient par la force et la fraude, la mainmise sur tous les instruments de régulation, la corruption généralisée et la manipulation des faiblesses d'une société durement éprouvée par une décennie de violence ?”. Aussi considère-t-il la “moisson” du parti comme une victoire. “Aussi, c'est sans autosatisfaction et en pleine connaissance de cause, que je vous félicite et vous invite à transmettre mes félicitations à chacune et à chacun de nos électeurs, de nos sympathisants et de nos militants pour cette victoire face à une adversité dont la puissance et la complexité donnent encore plus de mérite à ceux qui ont su lui résister”, estime-t-il. Aït Ahmed a demandé aux instances dirigeantes du parti de programmer lors de leur prochaine réunion “le traitement des comportements nuisibles au parti durant ces élections” et la “préparation de l'encadrement politique de notre participation parlementaire”. Sur ce dernier point, il a tenu à préciser qu'“il s'agit de la représentation du parti tel qu'il s'est présenté devant les Algériens depuis des décennies”. “Une telle représentation est trop lourde pour être laissée sans gouvernail politique”, souligne-t-il. K K