Les coulisses de l'Assemblée populaire nationale (APN) semblaient, hier, trop exiguës pour contenir le flux des nouveaux députés. Les 462 élus ont tous répondu présent. Cette séance inaugurale de la 7e législature a été, toutefois, très mouvementée ; une agitation sans précédent a marqué cette première journée. L'Alliance verte, composée du trio MSP-Ennahda-El Islah, a voulu attester son passage dans «l'opposition». Ses représentants ont fait leur entrée dans l'hémicycle en tentant de se démarquer à leur manière des partis jadis leurs alliés au sein de l'Alliance présidentielle, à savoir le FLN et le RND. Il est 10h passées, la séance d'installation a commencé par l'appel des députés et la validation de leur mandat sous la présidence du doyen des élus, Larbi Ould Khelifa (FLN), 74 ans, et en intégrant les deux plus jeunes, Hussein Maâloum, du vieux parti, 28 ans, et Assia Kenana, une députée indépendante, 29 ans. Une fois ce protocole achevé, les 49 députés de l'Alliance verte, à l'exception de Amar Ghoul, ont brandi des pancartes rouges sur lesquelles ont pouvait lire «Non à la fraude». Les contestataires ont demandé à intervenir en plénière pour expliquer les raisons d'une telle démarche. Leur demande a été rejetée par Larbi Ould Khelifa qui leur explique que le droit d'intervenir en plénière pendant la cérémonie d'installation n'était pas garanti par le règlement intérieur de l'Assemblée. «Si Ghoul intègre le gouvernement, il sera exclu du parti» Mécontents et «révoltés», les députés de l'Alliance verte ont décidé, à l'exception, encore une fois, de Amar Ghoul, de se retirer de la plénière pour «dénoncer la fraude ayant entaché les élections législatives du 10 mai». Leur retrait est également motivé par leur «refus de cautionner les décisions prises lors de cette séance. Les députés du vieux parti unique, le FLN, ont riposté en frappant sur les pupitres et en scandant «Vive le FLN». Le docteur Naâmane, coordonnateur au sein de l'Alliance verte, a précisé que cette entité boycotte la première plénière de l'APN en signe de protestation contre la manipulation des résultats des législatives. Ils ont décidé, durant cette législature, de s'inscrire dans les rangs de l'opposition. Les députés de l'Alliance verte n'envisagent pas de démissionner car, de leur avis, leur mandat a été plébiscité par le peuple et comptent «poursuivre leur action parlementaire», en rejetant «la fermeture de la scène politique et la confiscation du droit aux nouvelles générations de vivre dans la dignité et la liberté». Interrogé sur la position en solo de M. Ghoul et son éventuel retour au gouvernement, le Dr Naâmane réplique : «Si Ghoul intègre le gouvernement, il sera exclu du parti.» Pour sa part, Amar Ghoul a refusé d'émettre un quelconque commentaire. «Vous êtes autorisés à faire toutes les lectures par rapport à mon geste. Pour ma part, je ne fais pas de commentaire», lance-t-il à l'adresse des journalistes. L'autre grand absent de cette séance inaugurale est le leader du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune. Son absence, selon M. Djoudi, député du PT, est une «position politique». Il s'agit là d'une autre forme de contestation. Les députés FNA désavouent leur président Le PT comme l'Alliance verte qualifient cette nouvelle Assemblée d'illégitime. «Louisa Hanoune s'est inscrite jeudi et elle a validé son mandat. Son absence à l'hémicycle est un acte politique. D'autres actions sont prévues, nous les annoncerons au moment opportun», observe M. Djoudi, qui persiste et signe que le PT a été spolié d'une bonne dizaine de sièges. «Le Conseil constitutionnel a fait un effort en nous restituant nos 6 sièges sur les 11 recours, mais cela demeure insuffisant», affirme M. Djoudi. De leur côté, les neuf députés élus du FNA se sont démarqués de la position du président de leur parti, Moussa Touati, et ont affirmé qu'ils ne boycotteront pas la plénière, ils seront donc présents à l'Assemblée pour «défendre les droits légitimes des citoyens et être une force d'opposition». Les élus du FNA ont indiqué qu'ils se considéraient «non concernés par les dernières déclarations de Moussa Touati et ses ‘‘agissements''». Le président du FNA avait pris part à la réunion du groupe des seize partis politiques qui avaient décidé de créer un «front pour la sauvegarde de la démocratie» et boycotter la nouvelle Assemblée. Ces derniers ont validé hier leur mandat, tout en optant, non pas, pour la démission d'une Assemblée qu'ils considèrent illégitime, mais pour le boycott de ses travaux. Ils percevront donc un salaire sans contrepartie ! Pour sa part, M. Benkhelaf, représentant le parti de Djaballah, note que le FJD campe sur ses positions en soutenant que ce Parlement est illégitime, mais considère que ses députés sont légitimes, car ils ont été élus par le peuple et non par la fraude : «Personne ne peut obliger un député à démissionner. Une démission est un acte individuel du député. Le ministre de l'Intérieur confond entre la démission des députés et celle d'un parti. La position du boycott des travaux de l'APN a été prise par plusieurs partis et non par les députés», réplique le député du FJD.