C'est sans surprise aucune que l'ex-président du Haut-Conseil de la langue arabe a été élu au perchoir de l'Assemblée nationale, sans concurrence. Les élus FLN, RND et MPA ont reçu des consignes de vote en faveur de sa candidature. C'est dans une ambiance électrique que s'est déroulée la séance d'installation de l'Assemblée populaire nationale, élue le 10 mai dernier. L'étape de l'appel des députés présents et de la mise en place de la commission de validation des mandats à peine achevée, que les parlementaires de l'Alliance de l'Algérie verte (MSP, Ennahda et El-Islah) demandent un point d'ordre, en brandissant des pancartes rouges portant en grosses lettres l'inscription : “Non à la fraude”. Larbi Ould Khelifa, qui a présidé la cérémonie en sa qualité de député le plus âgé, assisté de ses plus jeunes collègues (indépendants et FLN), leur a rétorqué que les membres de la chambre basse ne jouissent pas de ce droit en séance d'installation de l'Assemblée nationale. Les élus de l'AAV sont, alors, sortis de l'hémicycle Zighoud-Youcef avec fracas, dans le but de créer un événement sensationnel, immanquablement répercuté par les très nombreux journalistes venus couvrir la mise en place de la septième législature. Seul Amar Ghoul est resté dans l'hémicycle Dans les couloirs du palais parlementaire, les élus de l'AAV ont diffusé un communiqué dans lequel ils expliquent davantage leur démarche. Ainsi, il y est notifié que le groupe parlementaire représentant l'alliance a décidé de boycotter la première plénière de la nouvelle APN, comme forme de protestation contre ce qu'il considère comme une manipulation des résultats des législatives. Il est dit aussi que le MSP et ses deux autres partenaires politiques se positionnent désormais dans le camp de l'opposition. Une heure environ après son ouverture, M. Ould Khelifa lève la séance du matin, en convoquant les nouveaux élus pour l'après-midi à 15h. À l'ordre du jour de la deuxième plénière : la validation des mandats et l'élection du président de l'APN. À ce moment-là, aucun député n'était en mesure de dire combien seront-ils à postuler au perchoir. “On nous a dit que nous voterons à main levée si une seule personne se porte candidate à cette fonction et à bulletins secrets s'ils sont plusieurs”, nous explique Fouzia Bensahnoune, élue RND sur sa liste d'Alger. Il n'en demeure pas moins qu'aucun doute ne planait sur le nom du successeur d'Abdelaziz Ziari à la tête de l'Assemblée nationale. Ce sera Larbi Ould Khelifa, le désormais ex-président du Haut-conseil à la langue arabe, élu d'Alger sous l'égide du FLN. Effectivement, à la reprise des travaux en plénière, la tendance se confirme rapidement. Un député FLN, M. Khaoua, déclare que le FLN soutient la candidature de M. Ould Khelifa. Cette déclaration est accueillie par les applaudissements des élus de l'ancien parti unique. Miloud Chorfi lui emboîte le pas et apporte la caution du RND à ce choix, dicté par les plus hautes instances dirigeantes de l'Etat, nous dit-on. “Nous voterons pour M. Ould Khelifa pour le bien de l'Algérie”, argumente-t-il. À contrevent, un député FFS prend la parole pour exprimer le rejet de son parti d'une démarche qui s'inscrit en porte-à-faux de la réglementation et des usages. “Nous ne pouvons pas adhérer à une démarche qui consiste à élire le président de l'APN avant de voter le règlement intérieur de l'institution”, affirme-t-il, avant de poursuivre : “La suprématie numérique d'un parti politique (le FLN en l'occurrence, ndlr) ne pourra pas imposer sa position ni occulter celle des minorités.” Djelloul Djoudi, élu d'Alger sur la liste du Parti des travailleurs, intervient, à son tour, en plénière pour dire que le PT ne se sent pas concerné par l'élection du troisième personnage de l'Etat. “Pour cette raison, nous nous retirons de la salle”, a-t-il informé avant de sortir avec ses collègues. Aucun autre député ne s'est porté candidat au perchoir de l'Assemblée nationale. C'est donc en postulant unique que Larbi Ould Khelifa a été élu par la majorité absolue des voix du FLN, du RND et des députés du Mouvement populaire algérien (MPA), qui ont été reçus la veille par Amara Benyounès pour cette consigne de vote. À noter que les députés des partis politiques formant l'Alliance verte ont boycotté la séance plénière de l'après-midi. S H