Le conseil fédéral du FFS de Béjaïa demande la tenue «dans les meilleurs délais» d'un conseil national extraordinaire. Plus qu'une simple fronde, c'est un véritable vent de dissidence qui souffle actuellement sur le FFS dans la wilaya de Béjaïa. Cet esprit de contestation, latent depuis que le FFS a pris la décision, assez peu soutenue par sa base militante, de participer aux élections législatives, s'est concrétisé par la tenue d'un conseil fédéral extraordinaire samedi 26 mai, dans la ville balnéaire de Tichy. Au cours de ce conclave qui aurait regroupé l'essentiel des élus et des cadres du parti, le conseil fédéral du FFS de Béjaïa n'a pas fait dans la dentelle ou la langue de bois. Il ne s'est nullement embarrassé pour exiger «la réhabilitation immédiate et sans condition» du premier secrétaire fédéral de Béjaïa, Farid Khellaf, dont il juge la décision de suspension «nulle et non avenue». Le conseil demande également la tenue «dans les meilleurs délais» d'un conseil national extraordinaire, «seule instance habilitée à se prononcer sur les stratégies du parti». Les mots ne souffrent aucune ambiguïté : ce sont donc les «stratégies» mêmes du parti qui sont remises en cause.Le communiqué signé du conseil fédéral évoque aussi l'urgence d'un rassemblement «des énergies militantes et citoyennes» afin de faire une évaluation critique objective, et ce, est-il souligné, dans le but de rétablir le FFS dans «sa ligne stratégique originelle». «Il est temps de mettre un terme aux reniements successifs et aux pratiques incompatibles avec l'éthique démocratique que prône notre formation politique.» Donc, outre le bras de fer engagé avec la direction du parti pour la réhabilitation du premier secrétaire fédéral, il s'agit là d'une remise en question, en bonne et due forme, de la ligne adoptée jusque-là par le parti, perçue comme un «égarement». Le communiqué du conseil fédéral le souligne amplement en disant qu'une analyse «même superficielle des discours de campagne révèle un éloignement clair des fondamentaux du parti». On y trouve également une réponse sibylline aux menaces de sanctions brandies par le président du FFS : «Il est bien facile de mettre la débâcle sur le compte de quelque comportement déviant et justifier du même coup une chasse aux sorcières qui, du reste, a déjà commencé.» Cette crise ouverte entre la base et la direction du parti ne date pas d'aujourd'hui ; elle se serait cristallisée au lendemain de la décision du parti d'aller aux législatives. Au niveau de la wilaya de Béjaïa, 33 des 37 conseils communaux avaient gelé leurs activités de campagne. Certains cadres avaient ouvertement critiqué l'option choisie par le parti et s'étaient livrés, plus ou moins ouvertement, à une contre-campagne. Au-delà des réactions épidermiques et des crises plus ou moins sérieuses qui ont secoué le vieux parti et sa base militante, c'est bien la première fois qu'une ligne de fracture aussi béante se dessine entre ses deux entités. Selon toute vraisemblance, le bras de fer ne fait que commencer. Il va sans dire que nous avons essayé de joindre plusieurs responsables du FFS pour connaître leur opinion sur la question ; tous ont poliment refusé de répondre à nos questions.