Quand on se marie, attention aux couleurs, surtout si ce sont celles de la nation d'origine qu'on exhibe l Attention aussi de ne pas dépasser la dose d'ambiance autorisée à la mairie. Et on est prié de ne pas être en retard ! Plusieurs communes ont pris des arrêtés en ce sens, la dernière en date étant Nice. Lyon De notre correspondant Certaines communes françaises réagissent mal, très mal, aux «pollutions sonores et visuelles» que constituent les mariages étrangers. Les youyous passent mal. Nice, dont le maire, Christian Estrosi, est candidat à sa succession comme député, a voulu échauffer les esprits passablement remués après la campagne présidentielle droitière de son ami Nicolas Sarkozy. Sur la vague de rejet, que les Français ont pourtant écarté en élisant le socialiste François Hollande, une couche xénophobe est remise sur le tapis. Cris, sifflets, déploiement de «drapeaux notamment étrangers», groupes de musique folklorique «sans autorisation», stationnement anarchique aux abords de l'Hôtel de ville ou encore interruption de la circulation sur la promenade des Anglais seront prohibés à compter du 1er juin, date d'entrée en vigueur de l'arrêté municipal pris par la mairie de Nice. Les nouveaux mariés devront signer une charte des mariages pour accepter ces mesures. Bien sûr, cette disposition concerne essentiellement certains mariages nord-africains ou africains, où les proches exhibent souvent les drapeaux de leur pays ou en profitent pour escorter les mariés aux sons de bendir, zorna ou autre accompagnement musical «made-in-là-bas». Ce qui est très minoritaire et pas du plus bel effet. L'opposition de gauche de la commune, ainsi que les associations musulmanes critiquent et dénoncent l'arrêté municipal, mais il s'appliquera à la date prévue, le maire-candidat comptant sur les voix d'extrême droite qu'il engrangera le 10 juin lors du premier tour des législatives. Au niveau national, en novembre 2009, une proposition de loi a été déposée pour interdire l'exhibition de drapeaux étrangers par un député de l'Hérault, Elie Aboud (proche d'Estrosi). Il s'agissait de «faire respecter les symboles républicains lors des célébrations de mariage» en mairie et permettre au maire, «s'il l'estime nécessaire», «d'interdire aux participants d'arborer des drapeaux ou signes d'appartenance nationale autres que ceux de la République française». Le texte reconnaissait cependant que ces pratiques étaient «encore isolées», mais qu'elles «dérangent la conscience nationale». 103 députés de la majorité sortante UMP l'avaient cosignée, mais elle n'avait pas été votée. A l'origine de cette traînée de poudre, le maire d'Orange – Vaucluse – qui, le premier, avait interdit par voie d'arrêté municipal les drapeaux étrangers lors des cérémonies de noces dans sa commune et l'animation bruyante. Par la suite, le maire d'Orléans avait à son tour sorti un arsenal du même type. Ce qui faisait écrire, en juin 2011 au quotidien Libération : «Officier de réserve, le député-maire UMP d'Orléans, Serge Grouard, est un homme d'ordre. Après les arrêtés anti-bivouac, anti-prostitution, anti-caravaning, le couvre-feu pour les mineurs, des chartes réglementant l'activité des bistrots, des épiceries, des boîtes de nuit», voici «la charte pour une cérémonie de mariage réussie». Les orchestres, groupes musicaux, chants, cris et autres manifestations de joie collective sont prohibés. Tout comme le jet de riz, de pétales de roses et de confettis. L'usage des klaxons est limité, et interdiction de se pencher aux fenêtres des voitures. Enfin, à Marseille, les 9 et 10e arrondissements avaient, en mars 2012, élaboré une «charte relative au bon déroulement de votre mariage». «Le déploiement de drapeaux ou le port de signes religieux distinctifs est interdit dans l'enceinte de la mairie au nom du principe républicain de laïcité.» Le maire, dans une vidéo postée par le quotidien laprovence.fr, rappelait qu'il y a dans les «excès une forme de désinvolture à l'égard de la laïcité et de ce que représente la République». Pourtant, le même journal régional indiquait que parmi les 515 mariages célébrés dans cette mairie d'arrondissement de la cité phocéenne, «2 à 5% posent des problèmes de débordements». On pourrait sans doute généraliser ce taux ridiculement bas à toutes les communes du territoire. La raison de telles chartes est donc ailleurs, continuer de montrer du doigt des communautés dont le mode de vie, y compris dans la joie, s'exprime à leur façon. Pour les excès, sans surenchère municipale, la loi devrait y suffire !