La salle du théâtre de Constantine a été transformée en piste de danse pour les spectateurs qui étaient nombreux à entrer en transe lors d'un concert donné par la Caravane de l'Imzad, en tournée à travers le pays. Composé d'une trentaine de musiciens, chanteurs, choristes et danseurs représentant différents genres musicaux amazighs d'Algérie et de l'Afrique subsaharienne, l'orchestre de la caravane a interprété des versions modernisées de musiques touareg, kabyles, chaouies et gnaouies appréciées à Constantine, où le public suit de près les expériences nouvelles de fusion musicales. Le concert a débuté lundi soir par une brève présentation de l'instrument, l'imzad, devant un public charmé et surpris d'écouter des chants du terroir accompagnés par des guitares électriques, batterie et violons et autres instruments modernes, créant entre la salle et la scène une belle harmonie. Rythmes touareg Le public a vite fait de répondre aux sons et rythmes touareg, kabyles et chaouis interprétés par des expressions corporelles des plus inspirées, créant une ambiance qui n'est pas sans rappeler celles vécues à l'occasion des grands événements musicaux de la ville. Les danseurs du groupe takassit de Djanet accompagnaient les prestations de l'orchestre par de grands mouvements qui semblent se libérer naturellement de l'apesanteur et qui font la singularité de la danse targuie. Dans cette ambiance rythmée, tous les genres de musiques interprétés trouvaient leurs accompagnements corporels dans la salle, répondant par des danses kabyles aux rythmes vifs et énergiques de Meziane Azolane, et sur scène où le chantre de la chanson aurésienne, Hassan Dadi, a su mêler dans l'ensemble, les «soujas» chaouies. Association «Sauver l'imzad» Cette expérience musicale suggère pour beaucoup l'émergence d'un «touareg blues», ou un «Sahara rock», voire même un autre genre musical inspiré du folklore amazigh pouvant s'imposer à l'échelle universelle, explique Hassan Dadi qui mise sur le rayonnement des festivals thématiques, tels que l'imzad de Tamanrasset, qui gagne de plus en plus d'adeptes. La formation de la Caravane de l'imzad, présente lundi soir à Constantine, compte parmi ses membres des éléments d'Illizi, des artistes musiciens et danseurs de Djanet et de Tamanrasset, Meziane Azolane pour le genre kabyle, Hassan Dadi pour les Aurès, et l'artiste nigérien Aïssa, leader du groupe Atri n'Assouf. Mme Farida Sellal, présidente de l'association «Sauver l'imzad» et Badia Bouchareb, secrétaire générale de la même association, accompagnent la Caravane de l'imzad qui sillonne le pays pour la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie (1954-1962). A rappeler que la Caravane de l'imzad donnera, mardi soir, un autre spectacle, programmé à la salle omnisports de la commune d'El Khroub.