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L'âme du chant bedoui oranais
Il y a 57 ans, nous quittait Cheikh Hamada
Publié dans La Nouvelle République le 13 - 04 - 2025

Le 9 avril 1968, Cheikh Hamada, nous quittait peu après son retour d'un pèlerinage à La Mecque.Né en 1889 à Blad Touahria, près de Mostaganem, sous le nom de Mohamed Gouaich, il est devenu une légende vivante du patrimoine musical algérien, incarnant le renouveau du chant bedoui et laissant une empreinte indélébile sur les musiques populaires du Maghreb.
Aîné d'une fratrie de quatre enfants, Mohamed perd son père à l'âge de 17 ans. Il prend alors les rênes de sa famille, travaillant comme ouvrier agricole. Passionné de chasse, il hérite du surnom «Hamada», diminutif affectueux de Mohamed, mais aussi reflet de son adresse en pleine nature. Vers 1910, une accusation de braconnage le pousse à quitter son village natal pour s'installer à Mostaganem, dans le quartier populaire de Tijdit. Là, au cœur d'une effervescence artistique nourrie par les poètes du Dahra et de Mascara, il va puiser l'inspiration qui marquera toute sa carrière.
Dès les premières années de son installation urbaine, Hamada fréquente les cercles culturels du quartier Derb, notamment l'Association Es-Syidia et le Croissant. Il y rencontre Cheikh Saïd Belkacem et s'imprègne d'une richesse musicale allant du chaâbi à la musique arabo-andalouse, en passant par le hawzi. Mais c'est dans le chant bedoui oranais, issu des traditions rurales, que Hamada trouvera sa voix. Il ne se contentera pas de perpétuer ce genre : il le réinvente.
Cheikh Hamada apporte au chant bedoui une profondeur nouvelle. Il fusionne les rythmes traditionnels avec des tonalités venues de la ville, mêlant poésie populaire (aroubi, hadri, hawzi) et mélodies campagnardes. Il remanie la gasba, instrument emblématique, en adaptant son jeu à deux flûtistes au lieu de trois, marquant ainsi une évolution dans l'orchestration du genre. Cette hybridation donne naissance à une musique accessible, à la fois enracinée et moderne, capable de séduire aussi bien les campagnes que les villes.
Passionné de poésie, Hamada puise dans les trésors du melhoun et de la tradition arabo-andalouse, notamment au sein des tribus berbères zénètes. Il transforme et adapte ces répertoires à sa manière, comme en témoigne la célèbre chanson Hajou Lefkar Sidi, reprise plus tard par Hadj Mhamed El Anka. Son influence est profonde : le chaâbi lui doit beaucoup, et des artistes comme El Anka, Maâzouz Bouadjadj ou Mohamed Tahar Fergani reconnaissent en lui une source d'inspiration majeure.
Son talent attire même l'attention de compositeurs européens. Le célèbre musicologue Béla Bartók, alors en voyage en Algérie entre 1913 et 1915, sera profondément touché par sa musique, à une époque où la musique modale était dédaignée par l'élite occidentale.
Hamada enregistre son premier disque en 1920. Sa discographie, répartie entre l'Algérie, Paris et Berlin, compte plus de 200 enregistrements, et son répertoire avoisine les 500 compositions. Des titres comme Boussalef Meriem, El Youechem, Aïd El Kebir, ou encore Ya Bouya le propulsent au-devant de la scène. Il se produit dans toute l'Algérie et à l'étranger, notamment à Bruxelles en 1936, lors d'un festival de musique folklorique, et même à l'Olympia de Paris.
Hamada n'était pas seulement un chanteur : il était aussi un passeur de savoir. Ami de longue date de Hadj M'hamed El Anka et Hadj Boudissa, il accueillait chez lui de nombreux artistes, comme Maâzouz Bouadjadj ou El Djillali Bensebbane, pour leur transmettre son savoir : une intonation, une strophe, le sens caché d'un mot ou d'un poème. Ces rencontres prenaient souvent la forme de veillées philosophiques et poétiques, où musique et sagesse s'entremêlaient. Mais l'homme était aussi un patriote. Profondément marqué par les injustices du colonialisme, il souffre de la marginalisation de son peuple. La Guerre de libération nationale le touche en plein cœur : deux de ses fils tombent au combat. Malgré cette douleur, il reste un pilier de la culture algérienne, jusqu'à son dernier souffle. Cheikh Hamada meurt le 9 avril 1968 à Mostaganem, peu après son retour du pèlerinage à La Mecque. Il laisse derrière lui une œuvre monumentale et un legs spirituel et artistique. Certains le considèrent aujourd'hui comme l'un des précurseurs du raï, dont le style reprend l'essence même de son travail de synthèse entre tradition et modernité.


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