Plus qu'une révolution, la guerre de Libération nationale algérienne a constitué une formidable leçon de résistance d'un peuple colonisé contre un colonisateur. Vienne. De notre envoyée spéciale
Une résistance qui a reçu l'adhésion de tous les humanistes du monde et de tous les défenseurs de la liberté des individus à disposer d'eux-mêmes et des peuples à décider de leur devenir. Des Autrichiens n'ont pas hésité à donner de leur temps, de leur énergie et risquer leur vie pour soutenir les Algériens dans leur quête pour l'indépendance. Ils ont été porteurs de valises, transportant documents et financement de manière clandestine pour le compte du FLN, ils ont aussi organisé la désertion de légionnaires autrichiens, hongrois et allemands enrôlés de force dans l'armée française à l'époque. Ils ont facilité le déplacement des révolutionnaires algériens, organisé des manifestations de soutien, fait publier les communiqués du FLN dans la presse autrichienne et même hissé le drapeau algérien en 1959 sur un des monuments de la ville de Vienne, pour ne citer que ces actes qui représentaient un formidable apport à l'internationalisation de la cause algérienne. Un soutien qui a donné naissance, au lendemain de l'indépendance, à des liens d'amitié entre les deux peuples. Des liens traduits par la création d'une Association d'amitié austro-algérienne fondée en 1963 par le défunt Reimar Holzinger et Karl Blecha, et d'autres, des valeureux qui ont compris qu'il faut être du côté des opprimés et non des oppresseurs. Depuis cette date, l'Association d'amitié austro-algérienne a continué de souffler bougie après bougie sans jamais oublier d'entretenir la flamme d'amitié née d'une rencontre entre des hommes qui ont pris l'engagement de faire se connaître deux peuples. Il était donc tout naturel que l'Association d'amitié austro-algérienne s'arrête à la halte du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie pour rappeler ces liens d'amitié, mais aussi pour parler de cet idéal d'une Algérie libre tant souhaité par les Algériens eux-mêmes, mais aussi par les amis de la Révolution algérienne. C'est donc dans ce cadre qu'un forum de discussions a été organisé dans la capitale viennoise le 5 juin et au cours duquel Autrichiens et Algériens ont abordé le bilan des 50 années de l'indépendance de l'Algérie. Karl Blecha, un des fondateurs de l'association, membre du réseau de soutien à la Révolution algérienne, ancien ministre de l'Intérieur autrichien, est revenu dans son intervention sur les motivations qui ont fait de la Révolution algérienne un idéal à soutenir, lui socialiste membre de la jeunesse autrichienne. Karl Blecha a soutenu que la démocratie est un autre idéal à réaliser en indiquant que «l'Algérie peut empêcher que le Printemps arabe ne soit un hiver arabe». L'historien autrichien Fritz Keller a, quant à lui, rappelé les propos de Frantz Fanon qui avertissait avant même l'indépendance contre les dangers d'un parti unique. «Beaucoup de choses auraient été évitées si on l'avait écouté», dit l'historien en parlant de l'Algérie et qui plaida pour la garantie du droit de grève et d'expression pour les syndicats. Maître Ali Haroun, qui est revenu sur la guerre d'indépendance en précisant qu'il s'agissait d'une lutte contre un colonisateur et non contre le peuple français, a aussi évoqué la crise de l'été 1962. «En 1962, la séance au congrès de Tripoli a été suspendue et à ce jour, nous sommes toujours suspendus», dit-il. Ali Haroun souligne que la conjonction «armée et popularité de Ben Bella» a eu le dessus sur la démocratie. L'avocat a tenu à préciser que seules la défense et l'application des valeurs démocratiques peuvent constituer la solution pour l'Algérie d'aujourd'hui. Un débat s'en est suivi sur l'avenir de l'Algérie et les attentes de la jeunesse algérienne. Après l'indépendance de l'Algérie, un autre défi se présente aux Algériens, celui de la liberté et de la démocratie. Une passerelle et des projets Johann Moser, président de l'Association d'amitié austro-algérienne, a tenu à souligner l'importance d'ouvrir une passerelle entre les sociétés civiles afin d'approfondir les liens d'amitié entre les deux pays. M. Moser ambitionne avec tous les membres de l'association de créer pas seulement un cadre de rencontres entre Autrichiens et Algériens, mais aussi permettre de lancer des projets d'entraide et de soutien. «Nous avons des expériences à faire connaître en matière de politique des transports, de collecte et recyclage de déchets et nous avons des choses aussi à apprendre de vous. Ce cadre associatif doit permettre à nos deux sociétés de se connaître et ouvrir des perspectives à l'entente entre les peuples», note Johann Moser.