Le film Les suspects de Kamel Dehane, adapté du roman du regretté journaliste écrivain Tahar Djaout Les Vigiles, sera en compétition pour le prix du Bayard d'or, dans la catégorie « première œuvre », lors du XIXe Festival international du film francophone (FIFF) de Namur qui se déroulera du 24 septembre au 1er octobre prochain. Un moment de bonheur pour le cinéma algérien en ces temps de grisaille et, d'une certaine manière, un hommage reconnu à la mémoire de notre confrère Tahar. Seulement, il faut bien que cette humble participation algérienne (c'est l'unique long métrage algérien retenu contre trois pour le Maroc par exemple) soit gâchée pour une histoire d'une... poignée d'euros. Et pour cause, Hachemi Zertal, gérant de la société Cirta Films, qui a participé à la production (exécutive ?) du film le printemps dernier, estime être lésé dans ses droits et a entamé une campagne par voie de presse, d'internet et de courrier aux organisateurs de festivals à travers le monde, pour bloquer la promotion du film. Le producteur belge Saga Film et le réalisateur Kamel Dehane ont une autre version des faits : « Le contrat qui a existé entre la société Saga Film et la société Cirta Films a été rompu unilatéralement par la société Cirta Films qui n'a pas pu exécuter ses obligations dans le cadre de la coproduction et a, de ce fait, été remplacée par la société Flash Media, reconnue officiellement comme coproducteur du film par les autorités algériennes », déclarent-ils. Dans tous les cas, Kamel Dehane nous a expliqué : « Je n'ai rien contre Cirta Films. Hachemi Zertal pense n'avoir pas eu ses droits, ce qui est loin de la réalité, et il a intenté un procès en référé auprès du tribunal ; il n'a qu'à attendre le jugement », avant d'ajouter « De là à saisir les organisateurs du festival, c'est trop bas ». Dans l'histoire, précisons que l'argent qui a servi à la production du film provient des deniers de l'Etat algérien et de l'Etat belge. C'est l'argent du secteur public qui a été mis entre les mains de Cirta Films et Saga Film. Les deux coproducteurs n'ont déboursé aucun centime. C'est peut-être la raison pour laquelle les organisateurs du FIFF ont, malgré la saisine de Cirta Films, maintenu sa programmation.