Les dirigeants libanais se sont fixé un objectif, celui de régler les principaux problèmes politiques du pays. Les moyens, le dialogue. C'est cela qui est inédit, ou encore une preuve du bon sens. Cette fois, la guerre civile de triste mémoire est bien terminée. Mais les leçons qui en ont été tirées conservent toute leur pertinence. Alors, le dialogue national pour sortir le Liban de la crise. Celui-ci est entré vendredi même en l'absence d'un des ténors de la nouvelle majorité parlementaire, le chef druze Walid Joumblatt, dans le vif du sujet avec les discussions sur le sort du chef de l'Etat et le désarmement du Hezbollah. Quatorze personnalités, les principaux leaders musulmans et chrétiens du pays, participaient depuis jeudi à Beyrouth à une table ronde à l'invitation du président du Parlement, Nabih Berri, et chef du mouvement chiite Amal, dans une initiative unique depuis la guerre du Liban (1975-1990). Tout a été fait pour éviter les questions - bien réelles - qui fâchent et qui peuvent empêcher l'objectif envisagé, celui d'un consensus ou d'une entente entre les principales forces politiques du pays. Mais autant dire que ce conclave a été précédé par différentes rencontres donnant lieu parfois à des images inédites. Le premier point à l'ordre du jour, l'enquête internationale sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, a vu jeudi une avancée grâce notamment à l'attitude conciliante du parti Hezbollah. Cette attitude a permis l'adoption à l'unanimité du principe de la constitution d'un tribunal à caractère international pour juger les coupables et l'extension de l'enquête aux autres assassinats politiques au Liban. Ces sujets avaient constitué en décembre un sujet de discorde au sein du gouvernement auquel participent le Hezbollah et Amal. Mais après cette avancée significative, les discussions pourraient achopper sur les autres points à l'ordre du jour, qui constituent des lignes de clivage de la classe politique libanaise. Les participants doivent ainsi s'entretenir de l'application de la résolution 1559 de l'ONU qui demande le désarmement du Hezbollah et des organisations palestiniennes au Liban et le respect de la Constitution, violée selon l'ONU par un amendement voté sous la pression syrienne, qui avait permis en septembre 2004 la prorogation pour 3 ans du mandat du président Emile Lahoud. La majorité parlementaire, dite souverainiste, menée par Saâd Hariri, fils de l'ancien Premier ministre assassiné, a estimé que les nouvelles dispositions du Hezbollah et d'Amal à discuter du sort du président Lahoud signifiaient que ces partis ne considèrent plus comme un tabou son maintien à la tête de l'Etat. Mais des sources proches du Hezbollah ont indiqué qu'il s'agissait d'une fausse interprétation. « Le fait que nous acceptions de dialoguer sur tous les sujets ne veut pas dire que nous nous sommes ralliés à ceux qui exigent le départ de M. Lahoud », a indiqué cette source. « Je ne me permettrais pas d'entraîner le Liban dans un saut dans l'inconnu en adoptant le point de vue de ceux pour qui la priorité est le départ du président Lahoud, sans savoir à l'avance qui serait son successeur ni quelle sera son attitude envers la résistance (contre Israël) », a quant à lui indiqué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. On sait que pour cette question, des intentions ont été affichées comme l'a fait l'ancien général Michel Aoun, ce qui explique l'entente qu'il avait conclue avec le Hezbollah. L'autre question consensuelle porte sur les relations futures avec la Syrie, mais estime-t-on depuis bien longtemps, il faut impérativement procéder à leur normalisation.