Deux morts et quatre blessés, dont deux civils, dans une attaque à l'arme lourde contre un commissariat aux Ouacifs ; deux militaires blessés lundi à Azazga dans l'explosion d'une bombe au passage d'un convoi de l'ANP ; un ancien moudjahid mitraillé à l'entrée de son domicile, le 3 juin, à Aïn Zaouïa (Draâ El Mizan). Depuis le début du mois de mai 2012, la wilaya de Tizi Ouzou connaît un regain de l'activité terroriste. Les régions les plus touchées sont Yakouren, Zekri, Azazga, Mizrana Azeffoun, Beni Douala, Mekla, Boghni et Draâ El Mizan. Des assauts meurtriers contre les services de sécurité et les patrouilles de l'armée, des faux barrages en plein jour sur les routes pour la collecte de fonds et des mouvements d'éléments islamistes armés dans les maquis y sont fréquemment signalés. Début mai, un garde communal a été assassiné à Aït Yahia Moussa, dans la région de Draâ El Mizan. Durant le même mois, un entrepreneur a été enlevé dans la daïra de Maâtkas, plaque tournante des kidnappings en Kabylie ; il a été libéré après une semaine de captivité. Le 31 mai, un policier communal a été blessé par des tirs à l'arme automatique au village d'Amedah, dans la commune de Tizi Gheniff, au sud de la wilaya. Dans la même localité, un autre garde communal et un citoyen ont été blessés le 26 mars dans l'explosion d'une bombe placée au bord d'une piste forestière longeant la caserne de ce corps de sécurité. A Azeffoun, trois attentats à l'explosif ciblant les éléments de la Marine nationale ont été perpétrés les 15, 16 et 17 mai derniers. Bilan : trois militaires tués et deux autres blessés. D'autres actes terroristes ont eu également lieu à Mekla où quatre jeunes policiers qui revenaient d'une mission à bord de leur véhicule ont péri dans une embuscade le 31 avril. Le 10 avril, une bombe enfouie sur un sentier menant vers un maquis de Mizrana a explosé lors d'une opération de ratissage, tuant un militaire et en blessant un autre. Ce climat de terreur permanent a influé négativement sur l'activité économique dans la wilaya qui, outre la subversion islamiste, a connu, depuis 2005, 70 cas de kidnapping suivis de demande de rançons estimées à plusieurs milliards de centimes. Selon le président de l'APW, Mahfoud Belabbès, 71 opérateurs économiques établis à Tizi Ouzou ont délocalisé ces dernières années leurs activités vers d'autres wilayas. SITUATION PREOCCUPANTE Le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, en visite à Tizi Ouzou en mai 2011, avait reconnu que la situation sécuritaire dans la wilaya n'était pas reluisante. «La situation sécuritaire est très préoccupante», avait-il affirmé en évoquant la série noire des kidnappings ciblant industriels, entrepreneurs et commerçants. En effet, en dépit des opérations de l'armée et du renforcement du dispositif sécuritaire dans les villes, la région demeure un foyer actif des groupes islamistes armés affiliés à la branche locale d'Al Qaîda. Rompus aux tactiques de l'embuscade, les éléments de l'ex-GSPC, activant en groupuscules très mobiles, ont démontré sur le terrain qu'ils n'ont rien perdu de leurs capacités de frappe, battant en brèche les discours des responsables en charge de la lutte antiterroriste. La wilaya de Tizi Ouzou abrite aujourd'hui l'une des phalanges les plus meurtrières, katibat El Ançar, un escadron spécialisé dans les kidnappings, les attentats ciblant les casernes et les postes de police afin de récupérer les armes et les munitions. Trois autres groupes ont été réactivés, depuis 2007, pour ouvrir d'autres «fronts» djihadistes et desserrer l'étau sur les maquis. Il s'agit de la katiba de l'Akfadou, point de jonction entre la Haute et la Basse-Kabylie, la seriat de Yakouren et celles de Beni Douala (Ennour) et de Mizrana (Al Ançar). La réorganisation des structures locales de l'organisation de Droukdel a permis une meilleure distribution des «rôles» aux éléments chargés de l'exécution des plans macabres de l'ex-GSPC.