Le Parti socialiste a réussi son pari : il a la majorité absolue et peut se passer de ses alliés encombrants, les Verts et le Front de gauche. La droite, après le naufrage électoral, doit gérer la faillite morale. Paris. De notre correspondant Le Parti socialiste et ses proches alliés remportent la majorité absolue à l'Assemblée nationale, selon des estimations du second tour des élections législatives. Le nouveau président français peut se reposer ainsi sur une large majorité. Le PS et ses alliés radicaux de gauche, Divers gauche et chevènementistes, obtiennent entre 312 et 326 sièges, soit largement plus que la majorité absolue (289) ; EELV entre 18 et 24 ; le Front de gauche entre 9 et 11. Ces chiffres seront affinés. La droite, l'UMP et le Nouveau centre totalisent entre 212 et 234 sièges, l'extrême droite, principalement le FN, 2, le MoDem 2. François Hollande et le gouvernement n'auront ainsi pas besoin des députés écologistes ou du Front de gauche pour obtenir la confiance de l'Assemblée nationale et faire passer leurs projets de loi. Le Premier ministre socialiste ne peut pas rêver mieux. Seule ombre au tableau : la prétendante au perchoir de l'Assemblée nationale et ancienne candidate à l'Elysée, Ségolène Royal, est sèchement battue par un dissident socialiste. Le Parti socialiste a plusieurs raisons de se réjouir. Il détient désormais tous les pouvoirs. Jamais, même à l'époque mythique de la Mitterandie, les socialistes ne se sont trouvés en situation aussi favorable. Le Sénat, les grandes villes, la présidence de la République, l'Assemblée nationale, les régions sont acquis à la gauche. «Ce qui guette les socialistes, c'est ce qu'en relations internationales, on appelle ‘le syndrome de l'hyperpuissance'. Une vulnérabilité liée à la force qu'il représente. L'objectif d'obtenir la majorité absolue va avoir des revers : le PS ne peut que perdre les prochaines élections ! Les élus locaux savent très bien que les scrutins intermédiaires de 2014 seront très difficiles à négocier. Les socialistes vont concentrer toutes les critiques et ne pourront pas diluer les coups de l'impopularité. Mais François Hollande est suffisamment habile… C'est pour cela qu'il va essayer de débaucher les communistes, dont Mélenchon n'a pas réussi à enrayer l'érosion parlementaire», a déclaré Rémi Lefebvre, politologue spécialiste du PS, à Libération. Autres enseignements de cette élection : le taux d'abstention. Il atteindrait 44%, un record. L'extrême droite refait son entrée à l'Assemblée. Si la fille de Jean-Marie Le Pen est battue, sa petite-fille, elle, devient la plus jeune députée de la Ve République. Elle sera accompagnée par le sulfureux avocat Gilbert Collard. Ces résultats sont surtout une gifle pour la droite. L'UMP doit faire face à un naufrage moral. Le parti de Nicolas Sarkozy va-t-il s'allier avec le Front national ? Va-t-il épouser les idées de l'extrême droite ? Son excroissance, la Droite populaire, exige une alliance avec le FN. Les républicains gaullistes se sont montré très discrets jusque-là. L'implosion est désormais inévitable.