La Bibliothèque nationale d'Algérie (BN) à Alger a vécu hier une soirée poétique en hommage au poète Djamal Amrani, mort le 2 mars 2005. Dans son intervention, Abderrahmane Méziane, qui a terminé récemment la traduction en arabe des œuvres du poète, a qualifié cette expérience de « riche » et « complexe ». « J'étais obligé en conséquence de me documenter sur beaucoup de choses comme la botanique. Djamal Amrani utilise des noms de fleurs. Chaque fleur constitue un symbole. Aussi, il est une sensibilité aiguisée. L'œuvre touche à plusieurs thématiques, à l'exemple de la révolution, la nostalgie et l'amour », explique-t-il. De son côté, Mme Zahia Yahi, qui a connu l'auteur, a récité un long poème de ce dernier, intitulé Soleil de la nuit, où la rime entonne d'une manière altière le printemps de la souffrance qui est incapable d'étouffer l'amour dans le giron de ses sévices : « Notre nuit fut longue, irrationnelle, parsemée de cendres Déchirée jusqu'aux entrailles Notre nuit aux abois pousse dans la jeune saison Pour qu'il ne nous reste plus comme une noirceur au cœur Et la voix tonne avant que la souffrance se taise La voix tonne comme une victoire : Soleil sur nos rêves d'amour fou Soleil sur mon autre moi-même aux prémices de la vie Soleil sur les juges qu'encourage la haine Soleil sur le carnage que révèle le jour Soleil... Soleil avant soleil. (...) » De leur côté, Youcef Merahi et Samira Negrouche se sont alternés pendant une demi-heure environ pour lire des poèmes du ciseleur des mots. Des poèmes pleins d'images entretenus par ces rêves que le commun des mortels ne peut faire que les yeux ouverts : « Pour boire mieux tes veines, Ficus de la vague qui nous emporte Ultime offrande de nos frissons Laurier de notre accomplissement Sillon drainé D'où je remonte » (poème Pour boire tes veines) Dans un autre poème intitulé Le jour émancipé, le poète égrenne ces mots arrachés aux vicissitudes de la vie : « Fleur qui croît entre les rochers Fleur qui te ressemble et découvre notre fin Dans tes yeux mes rêves prennent racine L'innocence prête sa voix au poète Son pain, sa paix aux pauvres (...) » Dans son intervention laconique, l'auteur du recueil de poèmes Carnet insomniaque (éditions El Gharb 2003), Smaïl K., a évoqué les qualités humaines du poète et exprimé sa gratitude à ce dernier. « Il m'a encouragé à écrire. Je lui ai donné quelques-uns de mes poèmes à lire non sans hésitation. Il m'a encouragé à faire un recueil. Ainsi est publié Carnet insomniaque », avec une préface de Djamal Amrani, « qui est pour moi un agitateur de talents ». De son côté, le directeur général de la BN Amine Zaoui a annoncé la création dans les jours qui viennent d'un atelier d'écriture pour jeunes au sein de son institution qui portera le nom du poète.