Lorsqu'elle va se réunir en conférence ordinaire mercredi prochain, l'Opep va se retrouver devant les mêmes données qui étaient en cours lors de la dernière réunion extraordinaire tenue le 31 janvier dernier. Les prix sont à un niveau supérieur à 60 dollars le baril, le marché est bien approvisionné et les stocks sont bons.Tandis que le risque de voir la demande baisser au deuxième trimestre est réel avec une surproduction située entre un et deux millions de barils par jour. L'Opep se retrouve avec un dilemme. Une surproduction couplée à des prix élevés. Dans une conjoncture pareille, il sera difficile à l'organisation de prendre une quelconque décision qui pourrait encore bousculer le marché. Les prix restent portés par des problèmes géopolitiques qui sont loin d'être réglés alors que le marché semble bien approvisionné même si la demande aux Etats-Unis reste robuste et que la Chine continue de confirmer son statut de nouveau grand consommateur de pétrole. La tenue du marché reste marquée par la faiblesse des capacités additionnelles même si les stocks sont en train de remonter offrant une certaine marge de sécurité pour l'approvisionnement. L'Opep semble conforter les stocks pour pallier la faiblesses de ces mêmes capacités additionnelles après avoir été surprise par la montée en cadence de la consommation chinoise en pétrole et par une reprise économique mondiale qui se confirme et se maintient. En matière de faits, l'Iran, le Nigeria et les actes de sabotage au Moyen-Orient restent des données qui maintiennent les prix au-dessus de la barre des 60 dollars le baril aussi bien à New York qu'à Londres. Au Nigeria, la production de brut reste amputée de près de 20 % alors que les militants du Delta menacent encore de mener des actions de sabotage contre les installation pétrolières. Le manque à gagner actuel est de 455 000 barils par jour. Aller plus haut Même si des otages ont été libérés (six sur neuf), les militants du Delta maintiennent la pression sur la région pétrolière en menaçant de couper les exportations de pétrole du Nigeria, soit 2,6 millions de barils par jour. Après Shell qui a arrêté sa production d'environ 455 000 barils par jour, une autre compagnie, Chevron, a réduit sa production de plus de 10 000 b/j après une fuite sur un oléoduc. Le différend sur le nucléaire entre l'Iran et les pays occidentaux influe encore sur le marché surtout à l'approche de la réunion du conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) prévue lundi 6 mars et qui doit statuer sur une possible saisine du Conseil de sécurité de l'ONU après examen du dossier iranien. Le marché expectant une possible recommandation au Conseil de sécurité de sanctions contre l'Iran. Dans un tel cas de figure, le marché pourrait encore aller plus haut au niveau des cours du brut. Les menaces qui continuent de planer sur l'Arabie Saoudite surtout après l'attaque à la voiture piégée déjouée vendredi 24 février contre le plus grand complexe pétrolier au monde sur le site d'Abqaiq supportent aussi les cours du pétrole. La branche saoudienne a revendiqué l'attentat en précisant que les assaillants qui portaient l'uniforme de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco avaient réussi à pénétrer dans l'enceinte du complexe. Le complexe qui avait été visé produit près de 70 % de la production de pétrole saoudienne sur les 9,5 millions de barils par jour. Il produirait selon des estimations près de 10 % de la production mondiale. Le lendemain de l'attaque ratée, la branche saoudienne d'Al Qaïda a annoncé qu'elle allait poursuivre ses attaques contre les installations pétrolières. La situation reste complexe et il sera difficile pour l'Opep de prendre une décision nouvelle même si le Venezuela a proposé d'examiner la possibilité d'une réduction située entre 500 000 et un million de barils par jour dans la perspective d'une baisse de la demande au deuxième trimestre. Mais une décision de réduire la production actuellement pourrait encore faire monter les cours qui sont assez élevés selon les objectifs que recherche l'Opep qui mise sur un prix moyen de 50 dollars le baril selon plusieurs analystes, même si la surproduction a été évaluée à 2 millions de barils par jour par le président de l'Opep, le ministre nigérian du pétrole, Edmond Daukoru. Pour coller aux événements, le président de l'Opep a évoqué vendredi à Washington la possibilité d'une nouvelle réunion avant celle qui doit se tenir en juin. Vendredi en fin d'après-midi, le light sweet crude était coté à 63,55 dollars le baril, tandis que le brent à Londres était à 64 dollars.