Le président soudanais Omar el-Béchir a minimisé le mouvement de protestation contre la hausse des prix et contre son régime, assurant que la multitude de petites manifestations violemment réprimées ne constituaient pas une nouvelle étape du "Printemps arabe". "Les gens qui brûlent les pneus ne sont pas nombreux et ils cherchent juste la bagarre", a déclaré M. Béchir dimanche soir, estimant que seulement un millier d'étudiants, probablement manipulés, participaient aux manifestations qui secouent le pays depuis le 16 juin. Les manifestations ont pris de l'ampleur après l'annonce le 18 juin d'un plan d'austérité remettant en cause le système de subventions sur les carburants, ce qui devrait encore aggraver une inflation qui a atteint 30% pour le seul mois de mai selon des chiffres officiels. "Ils disent que ces mesures économiques donnent l'occasion d'un Printemps arabe au Soudan. Mais le Printemps arabe a déjà eu lieu souvent au Soudan", a assuré M. Béchir en évoquant les soulèvements qui ont, par le passé, rassemblé "tous" les Soudanais. Le principal exemple est la révolte de 1964, initiée par les étudiants, qui avait provoqué la chute de la dictature militaire. Mais le président soudanais, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes contre l'humanité au Darfour, a estimé qu'il était toujours populaire dans son pays. Il a raconté avoir circulé dans Khartoum à bord d'une voiture au toit ouvert vendredi, quand la fumée noire des pneus incendiés et l'odeur âcre des gaz lacrymogènes témoignaient des affrontements entre manifestants et policiers dans de nombreux quartiers de la capitale. "Quand les gens me voyaient, ils criaient +Allah akbar+ (Dieu est le plus grand)", a-t-il affirmé.