L'effondrement d'une muraille d'un immeuble situé sur l'avenue Didouche Mourad jeudi dernier est venu encore une fois rappeler que l'ancien bâti de la ville est toujours sujet à d'éventuels effritements. Il a, en plus, permisde raviver les hantises des habitants de l'avenue et de mettre à nu la gestion chaotique d'une situation restée en suspens voilà déjà plus de onze longues années, car le dernier effondrement n'est en vérité qu'une réplique au premier qui a concerné ce même immeuble au courant de l'année 1994. A cette époque, un grand pan de l'immeuble s'était totalement atterré, et compte tenu de la nature juridique du patrimoine, les choses en sont restées là. Les pouvoirs publics n'ont dans la réalité fait que maquiller les lieux en élevant une muraille pour cacher la grande crevasse engendrée par le premier effondrement. Depuis, beaucoup d'eau s'était infiltrée pour mettre à nu le bricolage et effacer toutes les traces du maquillage. Qui en est responsable ? Les pouvoirs publics ou le propriétaire de l'immeuble ? La justice aura certainement à trancher. Cet effondrement aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus graves vu qu'il s'était produit sur l'avenue principale de la ville, mais comme diront les habitants de Skikda : « Encore une fois, Dieu a été avec nous. » Mais jusqu'à quand ? Cet effondrement a permis par ailleurs de relever des lacunes dans la prise en charge du sinistre. Il a fallu plus de deux heures aux services communaux pour déblayer l'équivalent d'une muraille en usant de moyens archaïques, comme si la commune, comptée parmi les plus aisées du pays, ne disposait même pas de moyens de déblayage adéquats. Les lieux n'ont même pas été sécurisés et aucun cordon de sécurité n'a été mis en place. Plus grave encore, au moment où les agents communaux s'attelaient, pelle à la main, à ramasser les débris, les commerces du rez-de-chaussée de l'immeuble en question étaient ouverts et les citoyens circulaient librement sous les arcades, le tout en présence des autorités locales, élus et administration. Ce n'est qu'après qu'on s'est rappelé qu'il fallait ceinturer les lieux pour éviter les risques de vibrations des véhicules qui arpentent l'avenue. Aujourd'hui, l'avenue est empiétée d'une partie de sa chaussée, rajoutant ainsi au chaos de la circulation au centre-ville de Skikda. Et la solution ? D'après les déclarations d'un adjoint du maire de Skikda, le CTC aurait conclu que le risque persiste encore en avançant : « L'expertise du CTC a révélé qu'un autre mur ainsi que ce qui reste de la toiture risquent de s'écrouler. Nous considérons que la situation nécessite une prise en charge en urgence pour sécuriser les lieux et trouver une solution aux familles qui habitent encore dans une partie de l'immeuble. »De quoi sera fait demain ? On le saura dans les prochains jours après la finalisation du dossier et l'énoncé d'éventuelles recommandations et décisions.