En termes d'objectifs visés par la Banque d'Algérie, à savoir le renforcement du contrôle et de la supervision du système financier, l'opération de notation ne constitue pas une nouveauté. En effet, «la banque centrale a tous les éléments qui permettent d'apprécier la solidité du système financier puisque sa vocation première est de s'assurer de la solvabilité de la place et des banques de la place, de leurs performances et de leur capacité à honorer leurs engagements», explique M. Nacer Hider, secrétaire général de la Banque Al Baraka. Le problème, c'est que cette information «n'est pas diffusée». Or, l'intérêt du système de notation est justement de «permettre au large public et aux acteurs qui ont des rapports avec les banques d'apprécier la situation et la solidité financière de ces banques et de prendre des décisions dans leur rapport avec elles. C'est donc la disponibilité de cette notation et son caractère public qui est la nouveauté». Le système de notation en général permet donc aux acteurs économiques d'apprécier au travers de la note donnée par un organisme habilité de «la qualité d'une contrepartie (entreprise, institution financière, Etat)» et de ses capacités à honorer ses engagements vis-à-vis de ses créanciers. Globalement, l'intérêt de la notation peut s'apprécier, selon M. Hider, à plusieurs niveaux. D'abord, vis-à-vis des déposants qui placent leur argent dans les banques et qui doivent pour cela avoir «une idée sur la solvabilité de cette banque». Dans ce cas, la Banque centrale lorsqu'elle note la qualité d'emprunteur de la banque (à travers la qualité de son portefeuille, de son management, le respect des règles en matière de contrôle interne, la maîtrise des risques, la rentabilité des crédits) «va déterminer la qualité de cette banque vis-à-vis des parties contractantes qui vont la choisir en fonction des critères de sécurité et de rentabilité». Ensuite, dans les opérations interbancaires qui permettent aux banques d'échanger des liquidités entre elles. Dans le cas algérien, ce marché est dormant puisque les banques sont en surliquidités, mais dans un contexte normal, «les banques qui ont des excédents de liquidités vont regarder la qualité de cette contrepartie qui serait demanderesse de liquidités à travers la note que donnera la banque centrale». Par ailleurs, quand il s'agira de donner des garanties bancaires, les banques qui ne seront pas bien notées pourraient voir leur garantie refusée. Ou encore, pour un établissement financier qui aurait besoin de recourir au marché obligataire pour se refinancer, «la réponse du marché pourrait dépendre de la qualité de sa notation», précise M. Hider.