Photo :S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Dans l'objectif d'assurer la stabilité du système bancaire algérien, la Banque d'Algérie (BA) a annoncé au début de l'été la mise en place d'un nouveau système de notation bancaire qui sera effectif à partir du semestre en cours. Bien qu'il ne soit pas encore opérationnel, selon les banquiers, ce nouveau système s'inscrit dans le cadre d'une action soutenue d'amélioration de l'évaluation, de la gestion et de la maîtrise des risques de crédit. Le Délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), Abderrahmane Benkhalfa, juge que c'est «un système qui permet d'apprécier les performances d'une entreprise», en se basant sur des «critères codifiés». Pour lui, le système de notation est pratiqué même pour les pays et il y a aussi des banques qui sont en train de faire la notation de leurs clients. «Le système de notation, c'est d'abord pour valider la solidité des portefeuilles des banques et aussi pour leurs résistance aux chocs internes», a-t-il expliqué, ajoutant qu'il est orienté, ailleurs, vers d'autres exigences telles que la valeur marchande d'actions des banques mères, ce qui n'existe pas en Algérie.Interrogé sur les détails de ce système, notre interlocuteur a affirmé que, pour le moment, les banques n'ont pas eu vent de ses contours. Il est vrai que la prudence est de mise en ces temps de crise notamment en Europe. Cette conjoncture peut-elle justifier ce renforcement du contrôle et la mise en place d'un nouveau système ? M. Benkhalfa juge que ce n'est pas le cas, et la place bancaire d'Alger est prémunie des effets de cette instabilité qui règne ailleurs. Ce système est destiné beaucoup plus à assurer l'évaluation rigoureuse au niveau interne. Affirmant que les actions de la BA sont de nature à renforcer la résilience des banques étatiques et privées qui activent en Algérie, il dira que «les banques sont soumises aux lois algériennes» et «il y a des barrières de protection nationale tel que le contrôle de change». «Les banques ne travaillent pas dans les même conditions que celles de leurs sociétés mères, il y a aussi ce qu'on appelle la protection juridique instituée pour chaque pays», explique-t-il.En d'autres termes, «c'est une protection juridique et réglementaire et une muraille de protection entre les sociétés en Algérie et les banques mères».Pour revenir au système de notation, selon le gouverneur de la BA, M. Laksaci, sa mise en œuvre, correspondant à la modernisation en cours de la centrale des risques, permettra «une orientation plus opérationnelle à l'approche risque de la supervision». Elle constitue aussi l'aboutissement de trois ans de travail accompli par de jeunes inspecteurs avec la collaboration du Fonds monétaire international (FMI) et du département américain au Trésor, et «dont l'apport qualitatif aux outils de la supervision bancaire dans notre pays est très appréciable».Par ailleurs, M. Laksaci a assuré qu'il inclut toutes les banques et tous les établissements financiers de la place et répond à l'exigence d'élaborer «une politique macro prudentielle à travers la redéfinition des tâches des Banques centrales» au lendemain de la crise financière internationale. Le dernier rapport de la BA a fait état de la solidité du secteur bancaire, ancré sur des ressources stables et accrues et une position de liquidité très solide. La solidité du secteur bancaire est appréciable aussi bien sous l'angle de l'évolution de leurs activités qu'en ce qui concerne la rentabilité de leurs fonds propres (return on equity) et du rendement de leurs actifs (return on assets). Les indicateurs de solidité aussi bien des banques publiques que privées sont proches de ceux enregistrés dans les pays émergents : le ratio de solvabilité est confortable (23,31% en 2010 contre 22,11% en 2009), bien au-delà des recommandations de Bale III, la rentabilité des fonds propres est substantielle (20,72% en 2010) et le rendement des actifs est conséquent (1,52%), correspondant aux meilleurs résultats réalisés dans les pays émergents. La marge d'intérêt des banques est en hausse (63,80% en 2010 contre 57,36% en 2009), en phase avec la baisse des charges hors intérêt (39,40% en 2010 contre 49,98% en 2009).