Même si des réformes ont été entamées dans de nombreux domaines, l'Algérie reste mal vue par les pays occidentaux. « Malgré tous les efforts entrepris pour améliorer les choses, pourquoi l'Algérie reste-t-elle à la traîne dans les rapports internationaux ? C'est très frustrant », s'indignait hier un membre du Conseil national économique et social (Cnes) suite à la présentation des résultats d'une analyse réalisée récemment par l'université du Maryland (USA). Dans cette étude sur les indicateurs politiques, ayant touché 150 pays, l'Algérie occupe la 106e place. Le diagnostic de l'université américaine, présenté hier au séminaire sur les indicateurs de développement humain organisé au Palais des nations, est basé sur les libertés civiles, liberté de la presse, droit politique, stabilité politique, efficacité de l'administration et corruption. Les participants à cette rencontre ont regretté que les études internationales n'aient toujours pas reconsidéré la place de l'Algérie en dépit des nombreuses réformes entamées. En clair, l'Algérie des années 1990 et celle des années 2000 est placée à la même enseigne. C'est qu'en matière de libertés politiques, notre pays est encore à la traîne. Selon les données révélées hier par Jacques Charmes, expert international, consultant du PNUD, les notes obtenues par l'Algérie ne sont guère satisfaisantes. Elle a marqué ainsi l'indice de 5 points en matière de liberté civile (sur une échelle de 1 à 7), 6 points en droit politique sur une échelle de 1 à 7 (concernant la démocratie en Algérie) et 5 points en matière de loi et ordre sur une échelle de 0 à 6. Le chapitre qui a suscité un grand débat hier est lié à la liberté de la presse. L'université de Maryland a été très sévère sur ce plan, classant notre pays à la 74e place (sur 100). Au peloton de tête du classement américain, on retrouve les traditionnels champions de la démocratie comme les pays scandinaves. La France occupe, quant à elle, la 12e place. L'une des intervenantes, membre du Cnes, a estimé que les classements internationaux devraient prendre en considération les niveaux de développement des pays. « Il ne faut pas comparer ce qui n'est pas comparable », assène-t-elle. D'autres considèrent que l'Algérie a certes réalisé quelques avancées mais les autres pays ont, eux aussi, connu des évolutions non moins considérables. Il est vrai que les rapports internationaux, de manière générale, ne sont pas très élogieux sur la situation économique et politique de l'Algérie. Alors que la Banque mondiale (BM) estime que l'Algérie se range au-dessous de la moyenne de la région Moyen-Orient dans les indicateurs de bonne gouvernance, Transparency International (TI) classe l'Algérie parmi les pays les plus corrompus au monde et l'organisation Reporters sans frontières (RSF) a épinglé l'Algérie en matière de liberté de la presse et dénonce le harcèlement juridique dont font l'objet les journalistes. En tout état de cause, le Conseil national économique et social (Cnes) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) visent, à travers l'organisation de ce séminaire, à établir en Algérie un système d'évaluation permanent conforme aux standards internationaux. Une telle démarche est-elle possible au regard des dernières dispositions prises pour « réformer » le Cnes ? Les cadres de cette institution, interrogés hier, estiment que les mesures prises récemment visent surtout à réorganiser le conseil et non à la remise en cause de sa liberté de ton qu'on lui connaît. « Nous garderons la même liberté. Nous continuerons à élaborer nos rapports et nos recommandations à l'Etat qui, au reste, n'est pas dans l'obligation de les appliquer », nous dit-on. La prochaine session du Cnes devra se tenir vers la fin du mois de mai.