Abdelaziz Bouteflika a estimé que toutes les réformes en cours actuellement en Algérie visent à “assurer l'après-pétrole”, au cours d'une interview publiée dans l'édition du mois de mai du mensuel Arabies. Le Président est également revenu sur des questions relatives à la politique extérieure de l'Algérie. L'entretien accordé par le chef de l'Etat au mensuel édité à Paris a été réalisé il y a quelques semaines. D'où le décalage perceptible par rapport à l'évolution de certains dossiers d'actualité. Evoquant la politique intérieure, Abdelaziz Bouteflika soulignera le caractère structurel des réformes engagées, notamment dans “les secteurs vitaux de la vie nationale” que sont l'éducation, la justice, l'administration, l'économie et les banques, auxquels s'ajoute le second plan de soutien à la relance économique qui accorde une “priorité” aux infrastructures, l'habitat, la santé, les équipements collectifs, l'agriculture, le développement du Sud, ainsi que des Hauts-Plateaux. Au total, près de 80 milliards de dollars seront investis dans ce cadre sans recours à l'endettement extérieur. Cet engagement financier s'accompagne d'une politique de réduction de la dette extérieure qui atteindra, selon le Président, le niveau le plus bas avec “13,9 milliards de dollars” en 2006. “L'ensemble du dispositif mis en place vise précisément à préparer l'après-pétrole, c'est-à-dire l'Algérie de demain, un pays pacifié et aussi prospère que possible. Mais aussi un pays où la solidarité ne sera pas un vain mot”, précise Abdelaziz Bouteflika, repris par l'APS. Le Président a réaffirmé, par ailleurs, la volonté de l'Algérie à faire partie de l'OMC. “Les négociations engagées à ce sujet durent, mais ne sont pas bloquées. Un accord a été trouvé sur de nombreuses clauses. Pour le reste, les négociations se poursuivent normalement”, a-t-il indiqué. L'Algérie “doit concilier ses engagements internationaux avec la défense de ses intérêts, et le processus engagé est sur le point d'aboutir”. Au chapitre des relations maghrébines, le chef de l'Etat estimera qu'au “plan bilatéral, l'Algérie n'a pas de problème avec ses voisins. Elle ne ménage aucun effort pour consolider et élargir sa coopération avec eux dans tous les domaines”. Abordant le dossier du Sahara occidental, il rappellera que ce dernier concerne “le royaume du Maroc, le Front Polisario et les instances onusiennes”. Il ne peut être réglé, dira-t-il, que conformément à la charte et aux résolutions des Nations unies. Pour le président de la République, il “ne fait pas de doute que ce problème pèse sur les relations entre l'Algérie et le Maroc”. L'Algérie milite, précisera-t-il, pour que le problème du Sahara occidental relevant des instances onusiennes “soit mis de côté entre nous, et qu'il n'empêche pas le développement de nos relations dans tous les autres domaines”. Quant au monde arabe, il relèvera que son avenir “en tant que bloc solidaire et ensemble économique ne prête pas à l'optimisme si les dysfonctionnements actuels venaient à persister”. Interrogé sur le rapprochement entre Alger et Washington, que certains analystes estiment qu'il se ferait au détriment des relations algéro-françaises, le Président a été catégorique à ce sujet. “Notre coopération avec les Etats-Unis se développe effectivement. Elle n'est évidemment dirigée contre aucun autre Etat. Quant à la France, c'est un pays ami avec lequel notre coopération est également en train de se consolider. Il n'y a pas de lien entre les rapports que nous entretenons avec les Etats-Unis, d'une part, et avec la France, d'autre part. Ce sont des rapports différents ayant des objectifs distincts”, précisera-t-il. Pour Abdelaziz Bouteflika, l'Algérie entretient des relations avec de très nombreux pays basées sur le respect mutuel et des intérêts communs. “Notre souci prioritaire est la défense des intérêts légitimes de notre pays”, a-t-il affirmé. Samar Smati