C'est dans le noir que brillent les étoiles, et celle de Hadjer Boudechiche est belle et jeune au milieu du néant qui emporte le sport algérien. De la hauteur de ses 17 ans, la jeune athlète de la cité des Mûriers semble destinée à un avenir radieux dans le sport olympique et n'hésite pas à exprimer sa détermination à aller le plus loin possible dans le saut, sa spécialité est dans sa carrière sportive. Son jeune palmarès confirme d'ailleurs ses prétentions. Elle n'avait que trois ans lorsque son aînée, la championne Hassiba Boulmerka a fait retentir l'hymne national aux Jeux olympiques, mais Hadjer hérite de cette rage qui forge les champions et veut en faire autant. Remarquée d'abord au collège de son quartier, Hadjer intègre par la suite le club de la jeunesse sportive de Daksi (JSD) et se spécialise dans le saut en longueur et le triple saut avant de rejoindre le club de la police en 2004 et décrocher le titre de championne nationale en catégorie minime. Les efforts de son entraîneur Meradji commencent à livrer leurs fruits au grand bonheur de la jeune athlète. L'appétit vient en gagnant pour elle qui ne va plus s'arrêter et multiplier les trophées avec son nouveau club le JABC. En 2005, elle est couronnée par les médailles d'or lors de la Journée mondiale à Alger, le meeting national à Alger, le championnat national à Béjaïa, le meeting national scolaire à Oran, le championnat national scolaire à Tiaret et enfin le championnat maghrébin à Tunis. Tout le monde remarque qu'elle est en or cette championne en herbe à l'image de l'équipe nationale qui la recrute. Mais à Constantine, elle demeure livrée à elle-même à l'instar de tous les jeunes sportifs qui ne choisissent pas le football. Cette année en effet Hadjer n'a pas de club pour la prendre en charge, parce qu'il n' y a plus de club d'athlétisme à Constantine. Du côté de la ligue locale, il n'y a rien pour elle. Pas de subvention, ni de sponsors aussi, raconte son père qui s'occupe d'elle désormais et couvre ses besoins tant bien que mal, sachant qu'une paire de pointe coûte 8000 DA sur le marché. Mais le véritable problème se situe au niveau de la préparation et du travail pour Hadjer qui veut sauter dans la cour des grands et vise sérieusement le championnat mondial scolaire, et le championnat de Pékin qui se tiendra en août prochain. A cause de ces conditions défavorables, Hadjer n'a pas été retenue l'année dernière pour participer à une compétition intercontinentale, malgré les minimats qu'elle avait obtenus et qui devaient la qualifier normalement s'il n'y avait pas le favoritisme qui se préoccupe très peu des athlètes de la province et de leurs prouesses. Hadjer passe en catégorie junior cette année et ne cesse d'améliorer ses performances tout en se concentrant sur son baccalauréat. Au moment où les clubs de football boiteux dépenseront des milliards pour reproduire des spectacles déplorables dans les stades de Constantine, elle continuera son chemin et décrochera peut-être un jour les honneurs dus à une grande étoile. Elle ne devra rien à personne, excepté à elle-même et à ceux très rares qui auront cru en elle.