Les évènements se sont accélérés, trop rapidement, aux confins du Maghreb, pour être compris et maîtrisés dans le temps et l'espace. Décidée en février dernier à Rabat – à l'initiative de l'Algérie – une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb arabe (UMA) se tiendra demain à Alger. Objectif annoncé : «Une vision nouvelle sur la sécurité dans la région». Or, pendant cinq mois, les développements au Mali ont brouillé toute vision concernant un pays qu'on a «sous-estimé» et qui de plus est censé être sous influence partagée, pensaient les analystes. Celle de l'Algérie, de la France et de la Libye (de l'époque d'El Gueddafi) et même des Etats-Unis par procuration. Pourtant, les prémisses étaient là. Attaques de groupes terroristes en territoire mauritanien et qui toucheront l'Algérie (Tamanrasset et Ouargla). Kidnapping d'Occidentaux dans les camps de réfugiés sahraouis. Incidents d'insécurité aux frontières entre la Tunisie et la Libye. Transport d'armes, combats militaires et proclamation d'indépendance de l'Azawad au nord du Mali. Apparition du mouvement djihadiste, Ançar Eddine, qui se greffe au Mujao et à AQMI, tout en s'offrant le kidnapping de 7 diplomates algériens dont le sort, trois mois après, reste incertain. La menace brandie d'une intervention militaire «internationale» qu'elle soit de soldats africains ou d'autres nationalités a, une fois encore, compliqué la donne. S'y opposant, l'Algérie a vécu, durant les deux semaines dernières, un ballet diplomatique pour prôner la solution politique et pacifique au Mali. Jeudi dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a pris une résolution dans laquelle il indique «soutenir pleinement» les efforts de la Cédéao et de l'UA, mais ne leur donne pas de mandat onusien pour déployer une force africaine. On comprend que des membres du Conseil de sécurité pensent que les Africains sont inaptes, et l'aveu est venu du président sénégalais en visite depuis vendredi dernier en France. Face à la menace des groupes armés islamistes, «l'Afrique de l'Ouest est en première ligne, mais n'a pas les moyens militaires d'y faire face seule», a avoué Macky Sall vendredi dernier sur la chaîne LCI. On y décèle presque un appel au secours, d'où l'urgence pour que la réunion de demain à Alger des MAE de l'UMA dégage des décisions claires et concrètes, surtout quand on prend acte de la déclaration, jeudi dernier, de Laurant Fabius : «La France engage tous les Etats de la région, au nord comme au sud du Sahara, à intensifier leur coopération pour lutter contre AQMI.»