Depuis la suppression du crédit automobile, le marché de l'occasion est en plein essor. La demande a sensiblement augmenté et les prix ont connu une majoration importante. En parallèle, les escroqueries et autres arnaques ont suivi cette évolution, avec, également, un nombre croissant d'affaires. Après le trafic des numéros de châssis et ceux des cartes grises, des bandes se sont, au fil du temps, spécialisées dans le maquillage des voitures d'occasion, qu'ils revendent presque au prix du neuf. En voilant les défauts des voitures, ces vendeurs d'un autre genre peuvent en tirer des prix forts. La démarche consiste à couvrir, avec une dextérité impeccable, les sièges et les garnitures des portières avec du plastique, conférant aux voitures des allures de neuf, ou du moins ayant «peu roulé». Les plaques d'immatriculation sont changées par de nouvelles plus brillantes, et la carrosserie est frottée avec un liquide pâteux dit (simonizage) pour donner au véhicule un éclat durable, mais tout à fait leurrant. Les jantes sont repeintes, les pneus et les baguettes en plastique sont enduits d'un liquide chatoyant, et pour réduire le kilométrage, ces vendeurs sans scrupule changent le nombre de kilomètres affichés au tableau de bord. Ainsi, le kilométrage des compteurs peut être réduit de 100 000 kilomètres et plus. Pour les acheteurs les moins expérimentés, à la vue du plastique couvrant les moindres encoignures du véhicule, ils sont vite séduits. Cependant, ce qu'ils ne savent pas, c'est que les organes de la voiture qui ne sont pas visibles sont tous dans un état ultime d'agonie. «J'ai acheté une très belle Renault Clio année 2000 au marché d'El Harrach. Le vendeur m'a assuré que la voiture n'a roulé que 70 000 km. Or, il s'est avéré, par la suite, que le compteur de la voiture avait été manipulé, car toutes les pièces, telles que le kit d'embrayage, les freins, les rotules de suspension, les amortisseurs, etc. étaient à refaire», raconte un acquéreur. Tidjelabine, lieu de prédilection Au marché hebdomadaire de Tidjelabine, il n'est pas difficile de repérer ces vendeurs. Ils choisissent généralement les endroits du marché les plus propices à la vente, à savoir l'entrée ou son allée principale, et ils ne s'aventurent jamais seuls. Ils coalisent leurs efforts dans une bande de trois, voire quatre personnes. «Lors de la négociation, j'ai eu affaire à trois vendeurs qui parlaient tous à la fois. Au moment d'examiner la voiture, ils faisaient en sorte de me gêner dans mon inspection d'une manière naturelle», raconte un acheteur, et d'ajouter : «Ils sont manipulateurs et savent dissimuler les défauts des voitures.» L'arnaque ne s'arrête pas uniquement au maquillage des véhicules. Ces vendeurs arrivent également à escroquer leurs victimes au moment de conclure la vente. Entre les liasses d'argent, ils glissent nombre de faux billets, «ils m'ont pris 180 000 DA», nous confie une victime qui venait d'acheter un véhicule, et de poursuivre : «Je me suis rendu compte de la supercherie une fois à la maison. En recomptant les liasses de billets, j'ai vu qu'il y avait de la fausse monnaie.» Pour réussir leur coup, les vendeurs ne communiquent jamais leur adresse réelle. «Nous avons pris rendez-vous dans un café, l'adresse figurant sur la carte grise de la voiture n'était apparemment pas la vraie, car depuis cette tromperie, nous n'avons jamais retrouvé le lieu d'habitation de celui qui nous a vendu la voiture», assure la victime. Aussi, des dizaines de clients se font piéger en achetant des voitures dont les numéros de châssis ont été transformés. «J'ai acheté une Peugeot 406 à Tidjelabine. Au moment de la passer au contrôle technique, l'ingénieur des mines nous a affirmé que son numéro de châssis n'était pas conforme, et qu'il était impossible d'inscrire la voiture au niveau de la wilaya», relate un acheteur. Dans le cas des transactions qui se font dans la même wilaya, il n'est pas possible de vérifier l'authenticité des documents fournis par le vendeur. Pour les ventes qui se font d'une wilaya à une autre, il est question d'obtenir la fiche de contrôle des véhicules afin de permettre son transfert. Ce faisant, les acheteurs peuvent vérifier, à ce moment-là, l'authenticité des documents des véhicules. En tout état de cause, ces pratiques devraient inciter les acquéreurs de voitures d'occasion à plus de vigilance, d'autant que les sommes d'argent brassées au marché de l'occasion ne sont point négligeables.