«El besnassa ma beqate fihoum niya». C'est ce que disait un jeune à un autre rencontré au marché de véhicules de Hammam Bou-Hadjar qui se tient chaque vendredi des premières lueurs du jour jusqu'à 13 heures environ. Il voulait dire les courtiers qui s'entendent entre eux au préalable sur les prix des voitures ayant moins de dix ans d'âge. Beaux parleurs, sachant parfaitement ce que recherche une clientèle formée de fonctionnaires déçus par les dernières mesures prises par le gouvernement, en ce qui concerne les crédits à la consommation relatifs à l'acquisition de voitures neuves, el besnassa se présentent au début en bons conseillers à tous ceux voulant acheter des véhicules pour la première fois. «Chehale jehdek ya el khou», dit un besnassi à un monsieur avoisinant la quarantaine et qui était sur le point d'être intéressé par une Renault 19, année 1997 et ayant roulé 280.000 km. De la discussion engagée entre les deux, une certaine confiance nuancée prend forme et le conseiller proposa d'emblée au monsieur une Peugeot 206, année 2002, mais le vendeur n'est qu'un courtier avec lequel le premier a traité tout en détail. Il fait semblant d'observer de près la tôle, le châssis, les portes, les ailes, le tableau de bord, le numéro de châssis s'il est conforme avec celui porté sur la carte grise. Il fait balancer la voiture de l'avant, de l'arrière pour savoir l'état de la suspension. Il ouvre le capot, demande au vendeur de mettre le moteur en marche et écoute le bruit du moteur. Il se retire avec le monsieur et lui dit «ya el khou c'est la voiture qui te convient assez bien, elle n'est pas trop neuve mais pas assez usitée, rien que 131.000 km sur le tableau de bord, en sept ans c'est tout ce qu'elle a roulé. C'est une bonne occasion à ne pas rater». Ils retournent chez le vendeur courtier. «Alors 40 millions c'est bon», lança le besnassi à son copain. «Maselt ya habibi Allah yajib rass malha», lui répondit-il. Le besnassi chuchota dans l'oreille du monsieur «zideh chouia». Le vendeur reçoit un coup de fil, c'est un troisième besnassi qui entre en jeu. «Je la prends, 45 millions ça vous va», lui demanda-t-il. Le courtier fait un geste de sa tête et fixa bien avec ses yeux le monsieur: «46 briques et l'on ajoute pas un dourou, mon client a d'autres frais à supporter: les pneus et les petites retouches de la tôle au niveau de l'aile avant». «Allah irabbah donne ta main», dit le courtier au vendeur tout en regardant le monsieur qui observa le silence en guise d'acquiescement. Il lui donne un ârboune de 5.000 DA (avance caution) et se fixèrent un rendez-vous pour finaliser la procédure d'achat du véhicule. Quelques jours après, l'on a rencontré le monsieur qui a acheté la Peugeot 206 au service des cartes grises de la wilaya et on lui a demandé si les choses allaient bien. Il hocha la tête et dit «les besnassa ne cherchent que leur intérêt, le gain facile. J'ai relevé pas mal de défauts que le courtier connaissait mais les a dissimulés». «El besnassa ma beqate fihoum niya».