La famille Belaroussi est choquée par la libération, avant-hier, de Ali Benhadj, après sept mois et demi de détention à la prison d'El Harrach, à l'est d'Alger, pour « apologie de crimes terroristes, incitation au meurtre et publication d'écrits faisant l'apologie du terrorisme ». Le numéro 2 de l'ex-FIS avait fait des déclarations à El Jazeera peu avant l'annonce, le 27 juillet 2005, par la branche irakienne d'Al Qaïda de l'exécution de Ali Belaroussi, 62 ans, chargé d'affaire à l'ambassade d'Algérie à Baghdad, et Azzedine Belkadi, 47 ans, attaché diplomatique, enlevés le jeudi 21 juillet 2005 dans la capitale irakienne. Rapt qui aurait été salué par le GSPC algérien sur un site internet. « En accréditant des ambassades et des diplomates dans un pays sous occupation, leur Etat ne fait que légitimer cette occupation, ce qui est inacceptable aux plans de la charia et de la politique », a, entre autres, soutenu Benhadj à Al Jazeera, avant l'interruption du direct. « Il a déclaré que les ravisseurs savaient bien ce qu'il devait faire des otages », a rappelé, hier, l'épouse Belaroussi, ajoutant : « Je ne veux pas que Benhadj soit condamné à mort ou mis en prison, je respecte les décisions de la justice de mon pays, mais je veux juste qu'il m'explique ce qu'il voulait dire par là. » « Un musulman n'incite jamais au meurtre, où est-ce que Benhadj a trouvé cela en Islam ? », s'insurge l'épouse du défunt. « Pourquoi, lorsqu'on l'a fait parlé sur Al Jazeera, Benhadj n'a pas dit que Belaroussi était un bon porte-drapeau, un fonctionnaire qui aidait ses concitoyens bloqués en Irak qui vivent des situations extrêmes de danger et de pauvreté pour certains avec la guerre ? », ajoute Fethia Belaroussi, qui a vécu avec son époux à Baghdad avant d'être rapatriée vers Amman puis Alger après l'annonce de l'exécution. « Nous ne sommes pas contre la réconciliation, mais Benhadj n'était pas détenu pour une affaire liée directement au cas du terrorisme en Algérie », dit une des filles Belaroussi, qui rappelle que la famille vit encore avec le traumatisme : « Et jusqu'à présent, nous n'avons pas de corps... On ne peut même pas faire notre deuil ! » « Nous n'avons que Dieu à qui nous nous confions », a conclu Fethia Belaroussi. Pour Ali Yahia Abdenour, qui était avocat de Ali Benhadj depuis son procès en juillet 1992, il s'agirait d'une affaire de poursuite pour expression d'opinion : « Benhadj n'a pas accusé les deux diplomates, il a attaqué le gouvernement algérien. » « On a tué Hachani parce qu'il était contre la concorde. Les services se sont dit que Benhadj était un danger pour la charte, il fallait le neutraliser. Mais maintenant, avec cette libération, il y a un recul du pouvoir : un procès de Benhadj va certainement déranger », a ajouté le président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH).