Un scandaleux refoulement de deux Algériennes détentrices d'un visa Schengen de l'aéroport de Francfort (Allemagne) a eu lundi dernier. Ismahène, 28 ans, et Randa, mineure de 17 ans, ont subi un «comportement intolérable et inacceptable par la police des frontières allemande qui les a refoulées vers Alger alors qu'elles transitaient par l'aéroport avec un visa en cours de validité», souligne leur père, Ben M'hidi Nabil, qui est également l'avocat du ministère des Affaires étrangères. Hier, le père a officiellement saisi l'ambassadeur d'Alger à Berlin, auquel il a remis un rapport détaillé du déroulement de cet événement. L'ambassadeur a promis de saisir, dès son retour des vacances, le gouvernement allemand via une note de protestation. Contrairement aux précédentes expulsions, cette fois-ci l'affaire prendra une autre tournure, avertit le père. Il saisira la Cour européenne des droits de l'homme, la Ligue européenne des droits de l'homme et la Ligue allemande des droits de l'homme. Rappel des faits : munies d'un visa Schengen délivré par le consulat général de France à Alger en cours de validité, les deux jeunes filles ont entrepris un voyage afin de visiter la Hollande ainsi que le Danemark, via Francfort. Arrivées à l'aéroport, les passeports, les billets d'avion et les réservations d'hôtel leur ont été confisqués. Elles ont été conduites «sans ménagement au poste de police». Interrogatoire Les policiers n'ont répondu à aucune question des jeunes filles, debout pendant quatre heures, leur refusant même d'appeler leurs parents. Puis, il y a eu interrogatoire de la fille mineure sans la présence d'un tuteur légal durant le voyage ni même un avocat. Elle a été questionnée sur tout : profession de sa sœur aînée, raison de leur déplacement, ainsi que l'insistance sur les commodités d'obtention du visa auprès des autorités consulaires françaises. On l'a même questionnée sur l'islam, la politique au Moyen-Orient et le printemps arabe. Les policiers allemands n'ont accordé aucune considération à l'appel du père qui s'est pourtant présenté en sa qualité d'avocat-conseil du ministère des Affaires étrangères algérien. Il a donc alerté le ministère qui a dépêché un agent diplomatique pour assister les filles. Ce n'est que sept heures plus tard qu'elles ont été autorisées à… boire de l'eau. «Un danger» La décision tombe enfin : la fille mineure sera refoulée vers Alger au motif que le visa lui a été délivré par le consulat général de France sur la base de fausses déclarations. «Absurde, contradictoire et paradoxal, dans la mesure où la sœur dispose du même visa délivré par la même autorité», s'indigne le père. La jeune fille, pour la police allemande de l'aéroport, «est considérée comme représentant un danger pour l'ordre public, la sécurité intérieure, la santé publique ou les relation internationales d'un ou plusieurs Etats membres de l'Union européenne !» Les policiers allemands ont apposé par trois fois le cachet «annulé» sur le visa de Randa. Cette dernière a été reconduite terrifiée vers l'avion dans un fourgon de police, où l'un des policiers lui a dit en ricanant : «Comme ça vous ne recommencerez plus.» Elle arrive à Alger vers minuit pour qu'elle être suivie de sa sœur, restée en Allemagne jusqu'à ce qu'elle trouve une place sur le vol qui a atterri à Alger mercredi.