Un festival de musique pas comme les autres irrigue en juillet Aix-en-Provence, ville d'art et d'histoire s'il en est, dans le sud de la France. La tradition arabo-andalouse y aura droit de cité Aix-en-Provence De notre envoyé spécial Si on croit que l'opéra est seulement élitiste, le Festival international lyrique d'Aix-en-Provence prouve à sa façon le contraire. D'abord parce que c'est par une parade ouverte à tous que démarre chaque année un mois de musique sur tous les tons. Depuis le mythique cours Mirabeau, un grand concert gratuit remet à l'ordre du jour des vieilles pierres les airs d'opéra les plus célèbres de Mozart, extraits notamment des Noces de Figaro, de Don Giovanni et de La flûte enchantée, interprétés par les chanteurs de l'Académie européenne de musique du Festival d'Aix et le Mahler Chamber Orchestra. D'autre part, les partenariats noués depuis de longues années avec des radios comme Radio classique, ou des télévisions comme Arte, Mezzo, ou encore Medici TV (sur Internet) popularise les grands opéras présentés en les offrant à un vaste public. Même si devant l'écran ils ne ressentent pas la même émotion que dans les fauteuils du théâtre de l'Archevêché, du domaine du Grand Saint-Jean, ou du grand théâtre de Provence, tout un chacun peut approcher un art resté d'actualité. Le festival étant même son audience, puisque sur grand écran, en multiplex, l'opéra de Mozart Les noces de Figaro sera diffusé en direct dans plusieurs villes : Valence, Aix, Marseille, Istres, Toulon, Vauvenargues, Londres. Souvenirs d'Andalus Autre contribution majeure, celle de Souvenirs d'Al Andalus portée par la soprano d'origine algérienne, Amel Brahim-Djelloul, qui, ces dernières années, s'est fait un nom dans l'univers de l'opéra. Cet été, elle sera aussi à Orange dans une interprétation de la Petite messe de Rossini. Formée à Alger, dans l'andalou, elle revient ici à Aix à ses amours de jeunesse, avec au violon, chant et direction, Rachid Brahim-Djelloul, à l'oud Noureddine Aliane, derbouka et percussions Dahmane Khalfa, mandoline Sofia Djemaï et guitare Mohamed Maakni. Différentes musiques des rives de la Méditerranée, héritage de quatre siècles de présence arabe en Andalousie, jusqu'à la fin du XVe siècle, composent ce programme : des chants arabo-andalous d'Algérie et du Maghreb, des transcriptions pour l'ensemble traditionnel des mélodies pour piano de Salvador-Daniel, des chants judéo-espagnols de l'Espagne médiévale, mais aussi des musiques de Grèce ou de Turquie issues des migrations qui ont eu lieu après la reconquête par les catholiques de l'Espagne arabe en 1492. Par ailleurs, le 16 juillet, Rachid Brahim-Djelloul et les musiciens du concert présentent la musique arabo-andalouse et ses influences méditerranéennes. Comme l'explique le directeur du festival, Bernard Foccroule, «un festival est constitué d'une multitude de communautés, comme autant de cercles qui se répondent l'un à l'autre : la communauté des équipes qui le portent. Celle des artistes qui lui donnent sa substance. Celles de nos partenaires. Celle des centaines de spectateurs qui, le temps d'un concert, d'une représentation, d'une rencontre, partagent une même émotion, un même souffle. Cette expérience-là participe de notre humanité la plus profonde. Elle nous est plus nécessaire que jamais». Une raison suffisante d'aller y jeter une oreille.