« Rien n'empêche la collaboration entre l'Algérie et l'Union européenne dans la lutte contre le terrorisme et contre l'immigration clandestine », a déclaré hier le président du Parlement européen, Josep Borrell Fontelles, lors d'un point de presse au salon d'honneur de l'aéroport Houari Boumediène avant de s'envoler vers Strasbourg (France), après une visite de trois jours à Alger. Le président de l'APN, Amar Saâdani, était présent ainsi que des représentants des deux chambres du Parlement. « La collaboration politique est là. Nous la poursuivrons tout en discutant des points à améliorer. On peut être critique par rapport à des points concrets, mais la situation des libertés est moins mauvaise que dans d'autres pays méditerranéens », a répondu M. Borrell à la question de savoir si le maintien de l'état d'urgence, les entraves aux libertés syndicales, le harcèlement judiciaire des journalistes et le climat sont compatibles avec le fait que l'Algérie soit déclarée partenaire dans la lutte antiterroriste et contre l'immigration clandestine. Il a rappelé que le Parlement européen s'était déjà exprimé sur la situation des droits et des libertés en Algérie. Et les cas des journalistes actuellement emprisonnés ? « Nos interlocuteurs nous ont expliqué que l'un des cas ne concernait pas un délit d'opinion mais un délit d'une autre nature », a-t-il indiqué faisant allusion à Mohamed Benchicou, condamné à deux ans de prison depuis juin 2004. « Je regrette que l'affaire des caricatures (du Prophète) ait mené deux journalistes en détention préventive », a ajouté M. Borrell. Berkane Bouderbala, directeur de publication d'Essafir, et Kamal Boussaâd, directeur de publication de l'hebdomadaire Panorama, accusés d' « offense au Prophète », attendent leur procès en prison depuis près d'un mois. Aux yeux du président du Parlement européen, il est « encore trop tôt » pour évaluer la portée de l'accord d'association entré en vigueur le 1er septembre 2005. Le 12 mars à Bruxelles (Belgique) se tiendra la réunion de coopération de l'Algérie et l'Union européenne. Des groupes techniques pour étudier cette question devront être installés à cette occasion. Mais il faudra attendre septembre 2006 pour « une meilleure analyse ». « Les investissements directs vont compenser les pertes des ressources douanières », a-t-il rassuré. La levée de certaines barrières douanières a engendré une perte pour l'Algérie de près de 20 millions d'euros. « L'accord d'association ouvre la porte d'un processus positif pour les deux parties », a encore appuyé M. Borrell qui dit avoir entendu les craintes du syndicat UGTA et des autres partenaires algériens. Il a invité à intensifier les échanges des visites et de la coopération entre les deux Parlements algérien et européen lançant : « On ne se connaît pas assez ! » Interrogé sur l'affaire des caricatures, M. Borrell a soutenu que le dialogue devrait toujours primer, soulignant le rôle des organismes interrégionaux. Il a également annoncé la visite du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas au siège du Parlement européen à Strasbourg la semaine prochaine indiquant qu'il « fallait essayer de maintenir les subventions aux Palestiniens » et qu'il « faut juger Hamas sur le travail qu'il va fournir ». Le point de presse qui a duré une vingtaine de minute s'achève. « Vite ! C'est une compagnie aérienne étrangère, on ne peut pas attendre plus », lance un des chargés du protocole de l'APN.