Les atteintes à la liberté de la presse seront les points forts que les Européens veulent examiner à la loupe. Le bilan de la liberté de la presse en Algérie sera aujourd'hui, le 3 mai, évoqué à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, au Parlement européen sur proposition de la Fédération internationale des journalistes. Cette réunion-conférence de presse, qui se tiendra à Bruxelles, sera entièrement consacrée à la liberté de la presse en Algérie et devra mettre sous la loupe les diverses atteintes à la liberté de la presse constatées en Algérie, aussi bien par la FIJ que par les autres organismes internationaux spécialisés dans les droits de l'homme et la liberté de la presse. C'est le député européen Francis Wurtz, président du groupe de la gauche unitaire (GUE/NGL), qui introduira le sujet en dressant un bilan exhaustif de la situation de la liberté de la presse en Algérie, avant de laisser la place aux témoignages de journalistes algériens. Le communiqué de la FIJ publié vendredi soir, rappelle que «de multiples attaques à l'encontre de la presse algérienne ont eu lieu» et fait le rappel des cas les plus significatifs et constate que «la partialité des juges a, depuis, largement permis d'appuyer la dérive autoritaire d'un régime qui impose désormais une censure systématique». Suit la liste des 20 journalistes condamnés à la prison ferme, dont les peines vont de deux mois à un an. Ceux qui ont écopé de peines avec sursis ne sont pas oubliés. Un tableau noir est dressé sur la situation de la liberté de la presse en Algérie. Ce «forcing» européen s'était déjà manifesté le 5 avril dernier, avec une lettre particulièrement virulente de Josep Borrell Fontelles, président du Parlement européen à l'adresse de Jean-Marie Cavada, président de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures et de Hélène Flautre, présidente de la sous-commission «droits de l'homme» qui avait fait des déclarations tonitruantes sur la presse en Algérie, mettant dans la gêne le Parlement européen, et dans laquelle il disait notamment: Votre visite officielle en Algérie du 6 au 8 mars 2006 aura été l'opportunité de revisiter les conditions d'application de l'accord d'association qui lie ce pays à l'Union européenne, et notamment son volet politique. Nous souhaitons dans ce cadre vous exprimer notre vive préoccupation suite à certaines de vos déclarations tenues le 8 mars lors d'un point de presse au salon d'honneur de l'aéroport Houari Boumediène. Vous auriez notamment indiqué, en faisant allusion à Mohamed Benchicou, condamné à deux ans de prison depuis juin 2004, que «nos interlocuteurs nous ont expliqué que l'un des cas ne concernait pas un délit d'opinion mais un délit d'une autre nature». Vous auriez également déclaré: «Nous poursuivrons la collaboration politique, tout en discutant des points à améliorer. On peut être critique par rapport à des points concrets, mais la situation des libertés est moins mauvaise que dans d'autres pays méditerranéens.» Josep Borell poursuivait: «Nous sommes surpris par ces propos, étant donné la résolution du Parlement européen sur la liberté de la presse en Algérie adoptée le 9 juin 2005, qui appelait les autorités algériennes à ´´libérer sans délai les journalistes condamnés à des peines de prison pour diffamation ainsi que de mettre fin à cet acharnement judiciaire vis-à-vis des médias privés algériens pour délit d'opinion, et aux poursuites judiciaires à leur égard´´». La longue lettre de Borell se terminait ainsi : «Nous vous invitons fermement à exiger la libération des journalistes emprisonnés et à réitérer l'appel solennel du Parlement européen pour la dépénalisation des délits de presse et le respect de la liberté de la presse en Algérie. Le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, représentera une étape importante à cet égard. La situation de la presse en Algérie devra naturellement être évoquée». Voilà donc l'itinéraire de cette journée «Spécial Algérie » et le cheminement qui a abouti à mettre sous la loupe les manquements aux libertés constatés en Algérie.