Les dernières révisions du code de la famille et du code de la nationalité placent l'Algérie au rang des nations les plus avancées », a déclaré, hier, le président Bouteflika à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, le 8 mars. Dans un discours prononcé devant un parterre essentiellement féminin, le chef de l'Etat a vertement critiqué les femmes qui représentent l'Algérie dans les rencontres internationales, lesquelles, selon lui, « ne font que ternir l'image du pays avec leurs critiques, alors que les femmes des pays voisins défendaient leurs pays ». Reconnaissant qu'un pays voisin (le Maroc) a connu une avancée très importante en ce qui concerne la femme, M. Bouteflika dira sèchement que « l'Algérie n'a de leçon à recevoir de quiconque en ce qui concerne la place de la femme dans la société algérienne ». Pour lui, le peuple demeurera farouchement attaché à ses valeurs civilisationnelles « immuables et non négociables ». Il estime qu'« une menace plane de nouveau et, peut-être, d'une manière plus insidieuse et plus périlleuse encore sur notre personnalité et sur notre identité nationale ». Pour faire face, il invite les Algériennes à « inculquer aux générations futures les valeurs et la culture nationales ». Le chef de l'Etat insiste sur le danger des influences extérieures, « qu'elles viennent d'Orient ou d'Occident ». Influences qui, selon lui, commencent à faire graduellement abandonner aux Algériens leurs costumes traditionnels et à pervertir leurs usages sociaux, « et même à modifier la manière de parler de certains de nos concitoyens ». Il considère que l'Algérie n'a pas « la culture du hidjab » avant de noter, au passage, la dégradation de la langue utilisée par les Algériens au point qu'il est difficile de retrouver « notre langue nationale ou même notre langage dialectal ». Devant ce constat, le chef de l'Etat estime qu'il n'est pas étonnant « d'entendre certains affirmer que la période coloniale était peut-être préférable à l'indépendance et à la souveraineté nationale, (...) de voir certains de nos jeunes (...) tentés par l'exil devant les difficultés qu'ils rencontrent chez eux, (...) de voir des esprits aigris parmi les anciens colonisateurs oser, aujourd'hui, soutenir que le colonialisme (...) peut représenter un bienfait pour les colonisés ». Le Président incombe la responsabilité, en premier lieu, à l'élite nationale qui, d'après lui, « s'est malheureusement, et dans une large proportion, trop engagée dans des débats idéologiques, s'éloignant par-là de la préoccupation première qui doit être et demeurer la préservation de notre algérianité, de notre identité et de notre personnalité nationales faites d'Islam, d'arabité et d'amazighité ». Aussi, pour contrer cela, le Président fait appel non pas seulement aux femmes, mais aussi aux institutions du pays, aux médias, aux intellectuels et aux zaouïas. « Ne doutez pas de la charte » Outre cela, le chef de l'Etat demande aux femmes de se mobiliser afin de « promouvoir les vertus de l'entente, de la réconciliation et de la fraternité, pour panser nos blessures et relever nos ruines ». Comment ? Pour lui, il faut qu'elles entourent « les orphelins de la tragédie nationale de leur affection irremplaçable et les élèvent dans les valeurs de notre foi, dans la culture du pardon, afin de mettre notre pays à l'abri des germes mortels de la haine ». « Aucun ne doit douter de la charte parce que c'est un processus qui nécessite du temps et de la patience et un travail de longue haleine. » Il explique encore que la réconciliation, c'est aussi le respect de la chose publique, des valeurs et des vertus d'une société apaisée et réhabilitant sa propre civilisation. Il trouve que la crise a sapé les fondements de la société algérienne, appelant à réhabiliter la citoyenneté. « Il y a dans ce pays de moins en moins de citoyens et de plus en plus de militants », a-t-il indiqué. Le chef de l'Etat n'a pas raté l'occasion pour revenir sur la problématique des salaires, mais aussi sur la question du chômage. Il promet que l'Etat fera tout son possible pour réduire le chômage. Mais il conditionne toujours la question de l'augmentation des salaires avec la croissance, l'inflation et la productivité réelle. « Je vais poser encore une fois la problématique difficile au chef du gouvernement... », a-t-il souligné en encourageant la tripartite à poursuivre son travail. Le chef de l'Etat donne néanmoins le ton : « Comment quelqu'un qui ne produit rien demande-t-il une augmentation salariale ? » Par ailleurs, la cérémonie, organisée par la ministre déléguée auprès du chef du gouvernement, chargée de la de la Famille et de la Condition féminine, Nouara Saâdia Djaâfar, est un exemple de l'anarchie. Prévue en début de matinée, le Président n'est entré dans la salle qu'à midi.